« Nous sommes dans le cadre d’une police municipale qui encadre »
Elle est directeur-adjoint a la direction de la police municipale et de la sécurité à la Communauté urbaine de Douala. Une dame très déterminée à tordre le cou aux désordres observés dans la métropole économique. Elle sait allier conseils et répression lorsque les circonstances l’imposent. L’on a encore sa détermination ce lundi 16 décembre 2024 face à une horde de commerçants venus la menacer lors de son passage pour assainir. Seule, face à la cohorte, elle a tenu tête. Arlette Alémoka a implémenté plusieurs projets. On peut citer entre autres, « un commerçant un balai », « sécurisation et professionnalisation du secteur des motos taxis ». Sur le théâtre de l’action au marché Mboppi et au lieu dit douche, ce jour, nous l’avons approchée pour mieux cerner les contours de sa démarche. Sans protocole, elle s’est prêtée au jeu de questions-réponses.
Madame la Directrice, nous assistons à une matérialisation du projet de libération des trottoirs et d’embellissement du marché Mboppi. Est-ce qu’on peut en savoir davantage sur cette opération ?
Dans le cadre de Douala Clean City, qui intègre désormais le programme de restitution de trottoirs piétons, qui intègre également l’assainissement et la propriété, la salubrité publique, nous avons décidé, après l’orientation et l’instruction du maire de la ville, de maintenir la propreté dans nos marchés, nos équipements marchands. La plupart des équipements marchands étaient des marchés à ciel ouvert.
Nous avons expérimenté ici à Mboppi la libération des emprises en intégrant les commerçants. La participation des commerçants a permis aujourd’hui d’avoir des chasubles de couleur orange, jaune, grise. Ces différents commerçants font la propriété au quotidien dans cet espace et donc contribuent au projet Douala Clean City.
Quelles sont les conditions pour avoir une chasuble ?
Pour en avoir une chasuble ici, il fallait se faire identifier, notamment en présentant sa carte nationale d’identité. Et c’est à ce moment que nous nous sommes rendu compte que plusieurs commerçants n’avaient pas de Cni. Et grâce à ce projet, plusieurs commerçants sont allés se faire établir une Cni pour pouvoir bénéficier de leurs chasubles.
Nous avons également pu recenser ici plusieurs commerçants sur la base de chaises capitonnées, parce qu’on s’est rendu compte des mauvaises conditions de travail. Il faut rappeler que sur cet espace, c’est beaucoup plus un espace de salon de coiffure à ciel ouvert. Parce que nous avons ici 98 coiffeuses.
Sur près de 300 commerçants, il y a 98 coiffeuses. Il y a les vendeurs de cils, les vendeurs de perruques, de greffes, les monteurs de perruques. Donc pour cela, il était question qu’ils aient des chaises capitonnées pour être à l’aise et mettre également à l’aise leurs clientèles.
Il fallait également avoir un parasol de couleurs, aux couleurs nationales, notamment vert, rouge, jaune. En fonction des blocs, nous avons défini ensemble les couleurs, ce qui a été validé. Ils sont un peu lents à implémenter et ils ont promis que d’ici vendredi, ils vont finaliser cette implémentation.
Rendu à presque 6 mois de ce projet, quelles sont les perspectives que vous entrevoyez davantage à ce projet ?
Nous allons déjà nous atteler à ce que tous ceux qui sont ici et qui ne sont pas conformes, rentrent dans le marché s’il y a de l’espace pour eux ou bien ils iront ailleurs. Donc c’est d’abord la perspective à court terme, de réglementer à l’extérieur ici pour tous ceux qui ne se sont pas conformés. Et à moyen terme, poursuivre et étendre vers d’autres marchés, notamment les marchés qui sont en bordure de route.
En quoi consiste l’opération que la police municipale est en train de mener depuis un certain temps au niveau du marché Mboppi?
Dans le cadre de la lutte contre le désordre humain et surtout dans le cadre de la salubrité publique, nous sommes partis du constat selon lequel à chaque fois que la police municipale refoule les commerçants, les déguerpit du site de Mboppi qui est à l’esplanade sur le boulevard de la L’unité, dès notre départ, le lendemain, ils se réinstallent. Et certains vous diront, nous sommes là depuis 10 ans, nous sommes là depuis 15 ans, vous voulez qu’on aille où ? Donc, fort de cela et considérant que l’intérieur du marché n’a pas suffisamment d’espace pour encadrer tous ces Camerounais qui se débrouillent au quotidien, nous avons suggéré déjà, dans un premier temps, que dans le cadre du projet, un commerçant un balai qui est une déclinaison de Douala clean city, que les commerçants mettent la propriété à cet endroit. Nous avons évolué d’un cran en leur demandant de se faire identifier, ce qui a été fait par la plupart, mais avec le temps, certains disaient qu’ils n’avaient pas de carte d’identité.
Mais considérant que l’opération était véritablement une opération sérieuse, plusieurs ont coopéré et se sont fait enregistrer. C’est ainsi que nous avons pu avoir les Cni de plus de 350 commerçants qui vendaient à cet endroit-là. Et des 350 commerçants, certains qui ont donné les Cni, il était question pour eux de préciser le type d’activité qu’ils mènent.
Et après l’enregistrement de ces commerçants, nous nous sommes rendu compte qu’à l’esplanade de Mboppi, nous avons 31 activités qui s’y mènent. En fait, l’esplanade de Mboppi s’est transformée, au vu de nos statistiques, en un marché de salons de coiffure et de beauté ambulants. C’est-à-dire que le désordre urbain dans les différents quartiers, c’est parfois les ventes d’objets divers. A Mboppi, c’est vraiment la beauté qui est mise en avant.
Nous avons dénombré à cet endroit 98 coiffeuses. Il y a également une grande proportion à la restauration, 16 vendeurs de repas. Les personnes qui font également la braise de poisson qu’on peut associer à ceux qui font le repas. Donc vous voyez qu’on a 21 personnes à cet endroit qui font les repas. De façon globale, c’est l’esthétique, c’est les coiffures qui se font à ciel ouvert. Nous avons reparti avec l’accompagnement des chefs de blocs désignés sur le terrain.
Il y a 4 blocs : le premier c’est le bloc Mupesi qui est proche de cette coopérative. Le second c’est le camp B, le troisième c’est l’entrée principale. Et puis le quatrième c’est le poste de police, toutes les femmes qui sont à proximité du poste de police.
Et on a ainsi reparti ces activités en fonction de ces différents blocs. Donc il est question aujourd’hui, après près de 5 mois d’intenses travaux qui ont commencé par l’assainissement, par le curage des caniveaux faits par les commerçants, que Mboppi soit un exemple en termes d’attractivité pour Douala. Les vendeurs qui sont en bordure de route devront se regrouper, en 3 grandes zones, avec des parasols verts ou jaunes, donc aux couleurs de notre pays.
Mais ce sont eux qui achètent ces parasols pour montrer qu’ils veulent embellir la ville en cette fête de fin d’année. Ils vont également avoir, comme critère du cahier de charge, des chaises capitonnées, c’est-à-dire des chaises avec des mousses pour que leurs clientèles puissent être à l’aise en se coiffant.
Ils devront également aborder des chasubles de couleur, également financées par eux-mêmes. Et nous leur affectons des côtes. Il est donc question de voir ceux qui ont adhéré au projet et qui vont s’installer, ceux qui ne l’ont pas fait et qui vont libérer les lieux.
Ils devront chercher une place à l’intérieur du marché ou n’importe où ailleurs. Donc c’est à ça que va consister l’opération du jour, à rétablir le bon ordre au niveau du marché Mboppi à valoriser ceux qui souhaitent valoriser la ville et à maintenir la circulation fluide. Comme vous avez pu le constater, les commerçants de Mboppi ne reviennent plus sur la chaussée parce qu’ils connaissent désormais les limites et ils savent qu’ils sont suivis.
En cas de non-respect des limites, ils sont sanctionnés, tant par la police municipale que les ambassadeurs de bon ordre urbain qui veillent. Donc voilà globalement en quoi consiste le projet et où est-ce que nous sommes en train d’aller en espérant que cela va transformer la lutte contre le désordre urbain et l’action de la police municipale.
Il faut noter que ces chasubles sont numérotées par un code qui se retrouve dans notre base de données. En cas d’infraction, on appelle tout simplement le numéro de la personne qui répond au chargé pour dire « … vous venez de bagarrer avec telle personne, voici votre sanction conformément au cahier de charge. »
C’est une grande première. On va d’abord analyser pour voir s’il faut étendre cette action à d’autres espaces publics qui jonchent les rues. Nous ne sommes pas dans le cadre d’une police municipale répressive. Nous sommes dans le cadre d’une police municipale qui encadre et qui lutte en même temps contre les désordres.
Propos recueillis par Josué Hugues Tobbo
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