Avec le Covid 19, des habitudes de vie sociale et individuelle ont changé. Certains changements sont supportables, d’autres le sont beaucoup moins comme les enterrements à la sauvette qu’impose cette pandémie. Ils ne passent pas auprès des populations.
« Les populations du quartier Akwa, à Douala ont vécu des scènes au-delà du réel ce lundi 11 mai. La dépouille de sieur Nyamsi Maurice est passé de mains en mains après de sérieuses échauffourées entre ses enfants et les gendarmes suite à son décès constaté à la Polyclinique Marie O », c’est ce que rapporte le quotidien le Jour dans son édition du 14 mai 2020. Ayant constaté les causes du décès déclarées par cette formation sanitaire, les proches du défunt ne voulaient pas laisser les autorités l’inhumer à la va vite comme cela se fait désormais en cas de décès suite au Covid 19.
Quelques jours après cet étrange bagarre , un autre fait quasi similaire à Bonabéri va mettre aux prises gendarmes et fidèles du pasteur Flanklin Ndifor, ancien candidat à l’élection présidentielle, décédé le 16 mai 2020 et dont les soupçons d’une contamination au Corona virus pesait sur sa disparition. Malgré le déploiement des forces de l’ordre au domicile du défunt, les ouailles ont opposé un refus catégorique à la demande des autorités qui voulaient récupérer le corps et procéder à l’inhumation selon les « règles .» Ils vont céder à la suite d’âpres négociations.
Ces cas s’inscrivent dans une longue liste. Dans toutes les familles aujourd’hui, l’inhumation à la hâte des personnes décédées de Covid 19 est un sujet de préoccupation majeure. Perdre un être cher est une grosse souffrance. Ne pas pourvoir lui rendre un dernier hommage est vécu comme un double drame soutien un infirmier. Pour quiconque connait la place qu’occupent les rites funéraires dans la vie de l’africain, point n’est besoin d’expliquer le désarroi que les enterrements express provoquent au sein des communautés.
Le maire de ville interpellé
En effet , dans toutes les cultures du Cameroun, que l’on soit du Nord, de l’extrême nord , du centre-sud , du Sud-ouest du Nord-ouest ou d’ailleurs, on attache une importance particulière aux cérémonials qui accompagnent celui qui quitte le monde des vivants. Ce cérémonial commence dès que le souffle de vie le quitte. Même les musulmans, qui n’éprouvent pas outre mesure de gêne dans le caractère expéditif des inhumations déplorent néanmoins le fait qu’ avec Covid 19, ils ne peuvent ni laver leur mort ni lui offrir une sépulture conforme aux exigences de l’islam.
Quatre mois après les premiers décès suite au coronavirus, les populations ont toujours du mal à s’arrimer à la nouvelle donne. Les communautés se plaignent. Il y a certes la question de sécurité, de la protection des populations néanmoins, il faut relever que le mode d’inhumation actuel est traumatisant. Les chefs traditionnels des différents cantons de Douala et les chefs des communautés allogènes l’ont dit au maire de ville, Roger Nbassa Ndine qui effectue depuis le 12 juin et ce pour 2 jours , une tournée dans les chefferies traditionnelles à l’effet d’inviter les chefs à relayer le discours sur la prévention contre la pandémie du Covid 19.
Tout en relevant l’urgente nécessité de protéger les populations, le maire de la ville a reconnu la violence psychologique qu’entraine l’enterrement des morts du Covid 19. A l’issue d’une récente cession du Conseil scientifique sur la question, des recommandations ont été faites affirme le maire désormais, les familles peuvent faire le deuil dans un délai de 48 heures. Le maire a tenu à préciser aux chefs traditionnels que la pandémie à laquelle nous faisons face est quelque chose de bien nouveau qui invite à la réflexion continue. Les scientifiques continuent de réfléchir.
Comments