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DIBOMBARI : LE JEU TROUBLE DE L’ADMINISTRATION

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En dépit des éclairages fournis, malgré les documents administratifs authentiques qui indiquent la non-existence d’un village, l’administration demande la réhabilitation d’un chef de 3è degré dans un village imaginaire.

 

 

Depuis le 20 septembre 2024, une plaque indicative est placée à Bomono Ba Mbengué 1 sur laquelle il est écrit «Chefferie traditionnelle de 3eme degré du village Maka – Canton Bakoko, Maka Village », à 200 mètres de la grande chefferie  dudit coin. Donc deux chefferies dans un village. Une situation qui avait, il y a près d’un an, suscité de vives contestations de la part des fils et filles du village qui avaient paralysé la circulation sur la nationale n°5.il a fallu l’intervention des forces du maintien de l’ordre pour décanter la situation. Alors qu’on croyait l’affaire résolue, voilà que tout recommence avec un drapeau qui flotte comme un territoire conquis. Selon nos sources, « le sous-préfet, par mesures conservatoires, a ordonné l’enlèvement de cette plaque dans 48 heures, mais ses instructions n’ont pas été suivies », nous relève une source dans les services de la sous-préfecture de Dibombari.

 

Maka, des origines à nos jours

 

Dans la matérialisation de la vérité, nous sommes allés interroger les sources. Documents à l’appui, l’on nous fait comprendre alors qu’il n’y a jamais eu un village Maka, plutôt un quartier Maka à Bomono ba Mbengue1.

« Du moins pour bien retracer l’histoire, il faut partir à l’époque allemande.  Pendant qu’ils étaient au Cameroun, c’est eux qui ont d’abord fait le premier traçage de chemin de fer.

Donc il y a une gare qu’on appelle Maka.  Makan c’est un mot en langue locale qui veut dire carrefour.  Parce que les gens sortaient de Bakoko, les gens sortaient de différents coins pour venir emprunter le train. C’est là qu’on a appelé la gare de Maka qui n’a rien à voir avec un village quelconque.  Il n’y a jamais eu un village qui s’appelle Maka. La gare Maka, c’est la limite entre Bonendalè et Dibombari au niveau du pont Bépélé. Il y a la frontière. Donc c’est quelque part avant d’arriver à Bonendale. Ce qu’il faut retenir, c’est que Bomono ba Mbengue et Bomono sont du canton Pongo.  Les Pongo sont les frères des Duala. Ils sont plus proches d’eux. Déjà que nous parlons presque la même langue. Les Bakoko sont des frères des Bassas.  On est tous les Sawa, mais on n’a rien en commun en termes de bien. Au départ, il y avait d’abord le village Bomono et ensuite il y a Mbengue, et il y a Jedou, et ensuite tous les autres villages qui se sont constitués comme Bomono gare, Bekoko, Babenga, Bwadibo, Bwassalo , Nkendè. Tout ça, ce sont des villages Bomono. Il ne peut pas avoir un autre village. A cette même époque, les Allemands avaient acheté des noix de palme aux villageois et des familles Bomono qui habitaient dans cet espace du moins.  Comme il y avait déjà la gare, il y a un endroit là-bas où des familles étaient installées qu’on appelait donc maintenant Maka pour faire référence à la gare.  Donc ces familles-là sont des familles de Bomono. Ce sont les chefs de Bomono qui ont signé avec les Allemands parce qu’ils ont été indemnisés. Donc on a donc déplacé ces familles pour venir les installer à Bomono-ba Mbenguè.  Pas comme les Bakoko, mais comme les Bomono. Il y a quatre familles comme ça», nous explique un octogénaire qui a souhaité l’anonymat avec une carte à la main.

Une autre source proche de la grande chefferie du canton pongo nous a plongé dans un autre pan de l’histoire : « Dans les années 50 également, l’État du Cameroun qui voulait créer des sociétés de développement a choisi la zone de Dibombari pour le palmier à huile. Donc avec la Socapam.  Il faut noter que dans l’arrondissement de Dibombari, il y a eu quatre grands groupes, Bomono ba Mbenguè, Bomono-ba-Jedou,  Mbonjo et Sousa pour ces exploitations. On parlait à 10.000 hectares de terrain. Donc l’Etat a pris ces terres.  Et donc depuis les années 90, avec l’explosion du boum démographique, nous sommes en train de faire la pression pour que l’État nous rétrocède ce qui nous appartient.  Et en 2017, lorsqu’on a eu toutes les assurances qu’on devait nous rétrocéder les terrains, c’est là que surgit un fils de Bomono-ba Mbenguè, qui est né à Bomono-ba Mbenguè, ses parents sont nés à Bomono-ba Mbenguè, il est connu, il appartient à une famille de Bomono-ba Mbenguè, mais il dit qu’il n’est pas de Bomono-ba Mbenguè, qu’il appartient à un autre canton, le canton Bakoko, avec un village Maka, qui n’a jamais existé», révélation faite.

 

Une affaire de vastes étendues de terre

 

«Et c’est à ce fils du village qu’on avait rétrocédé tous les terrains qui devait revenir à toute la communauté.  Nous avons saisi le ministre des domaines, qui a vu qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas.  Comme il a les appuis, au niveau de l’administration, ils ont tout fait pour qu’on divise le terrain, ensemble avec lui. Dans le refus, on a créé un village imaginaire dénommé Maka. Malgré les preuves fournies par la Conac qui a détecté tout le faux, on demande au sous-préfet de de réhabiliter ce qui n’a jamais existé. Dans son acte de désignation, on parle de réhabilitation. Réhabiliter, c’est remettre en service quelque chose qui a existé. Donc, il faut qu’il apporte les preuves de son existence. Ça veut dire son territoire qu’il occupait avant, il y avait des chefs qui ont régné à cette époque-là », nous explique un notable qui nous a confirmé la mise sur pied d’une commission par le sous-préfet de Dibombari pour rétablir la vérité : « Nous avons émis comme proposition à M. le sous-préfet qui est en train de travailler sur la constitution des personnes qui feront partie de cette commission. Il faut que le village Maka montre qu’il a existé avant et qu’il y a eu des personnes. Donc, nous avons fait des propositions à M. le sous-préfet de faire déplacer le Directeur des archives, pour que, dès qu’un document sort, qu’on vérifie l’authenticité », avons-nous entendu d’une oreille au sortir de la première confrontation.

Pour l’heure, la situation est au calme, à la demande des autorités administrative et  traditionnelle.

Alphonse Jènè

 

 

 

 

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