1- Bonjour président.
A l’issue de la troisième Session Ordinaire de communauté à laquelle vous venez de prendre part, vous dénoncez des Guerres fratricides au sein du RDPC qui selon vous, plombent le développement local de la ville de Douala. A quoi faisiez-vous exactement allusion ?
R1.
Depuis le début de cette mandature nous vivons dans la mouvance des guerres fratricides interminables qui bouillonnent au sein du parti au pouvoir. Nous constatons que depuis le début de cette mandature, le maire de la ville et ceux d’Arrondissement sont régulièrement à couteau tiré. Avec pour pomme de discorde, la Dotation Générale de Fonctionnement décidée par le Mindevel. Les élus locaux dénoncent le retard dans l’exécution de ce versement d’une part et le non-respect des montants censés être alloués tel que contenus dans l’arrêté ministériel. De son côté, le maire de la ville brandit un recalcule qui n’aurait pas tenu compte de la réalité économique des mairies de ville, du coup nous sommes dans un quiproquo. Lorsque nous évoquions les guerres fratricides, nous faisions allusion à ces problèmes internes qui plombent le développement local car visiblement ce sont les populations qui perdent. Tout porte à croire que depuis l’élection du maire de ville en Mars 2020, les parties n’ont toujours pas fumées le calumet de la paix et cela est bien dommage.
2- Dans le Wouri, le RDPC contrôle six mairies sur six. Selon vous, qu’est-ce ce qui peut expliquer ces batailles fratricides pourtant, le parti dispose d’une majorité casi écrasante ?
R2.
Il se passe qu’on a assisté à une élection où un parti politique a eu une forte ingérence. Il vous souvient certainement, qu’on a vu un représentant du comité central du RDPC prendre ouvertement la parole ce qui n’est pas autorisé pas la loi puisque seuls les conseillers et le représentant de l’État qui en assure la tutelle sont habiletés à le faire. Déjà il faut noter que cette ambiance morose n’est pas la seule exclusivité du Wouri car un peu partout dans le pays on assiste à ce spectacle déshonorant. Personnellement, je lis en cela les signes d’une fin de règne. A la réalité, ces gens n’étaient pas prêts à vivre la Décentralisation tel que prescrit dans le code général des CTD. Conséquences, chacun se la joue à sa manière et en fonction de la longueur de ses bras. Où que vous soyez, tant que vous êtes capable de toucher la bonne personne à Yaoundé, les choses se feront selon votre volonté. C’est aussi ça le résultat d’un système qui baigne depuis longtemps, dans le flou et l’arbitraire. Car disons-le, ce problème n’aurait jamais existé si les gens avaient la culture de la légalité. Bien que la loi demeure perfectible, elle est néanmoins claire concernant ladite répartition. Et en face, on assiste un peu à une autorité administrative presque impuissante pour les rappeler à l’ordre. Même si à la fin j’ai assisté à son appel à la collaboration.
3- Au-delà des luttes d’intérêts égoïstes que vous dénoncez amèrement aujourd’hui. Quelles devraient être selon vous, les priorités dans une ville économique comme Douala ?
R3
Douala étouffe, les populations sont asphyxiées, il fait mal vivre à Douala actuellement. Le réseau routier est pratiquement foutu. On a vu des efforts consentis ça et là pour colmater les brèches dans certains endroits mais cela est quasiment insuffisant. Dans mon compte rendu de la session ordinaire aux populations, j’ai suggéré à la mairie de ville de faire du réseau routier, une priorité en cette fin d’exercice. C’est vrai on ne peut pas tout faire mais je pense que pour rendre la ville de Douala plus attractive et fluide il faut revoir le réseau routier pour permettre à l’air de circuler. Car l’air que nous respirons reflète la santé urbaine de la ville. Il faut améliorer les routes à Douala, elles sont toutes dans un état critique.
4- C’est un secret de polichinelle, Douala dispose d’énormes potentialités mais pas toujours suffisamment mises à profit. Qu’est ce qui manque ?
R4
La ville n’est ni attractive, ni compétitive bien que nous soyons une ville portuaire et économique. Bien évidemment ce qui manque, c’est la volonté politique. On applique pas encore véritablement la Décentralisation. Dans la configuration actuelle, quel que soit le parti qui viendra, il rencontrera les mêmes difficultés car le blocus vient d’en haut. On ne permet pas aux élus d’implémenter la vision qu’ils ont de la ville dans laquelle ils vivent. Les gens continuent de vouloir piloter les projets de la ville depuis leurs bureaux à Yaoundé ce qui tranche avec la réalité du terrain et cela impacte sur la compétitivité de la ville sur la scène internationale et sur l’attractivité de la ville auprès des investisseurs nationaux et internationaux. Les PME sont pratiquement asphyxiées, les difficultés de paiement au sein des CTD. Lorsque vous gagnez un marché de 20 et que 10 millions doivent être reversés pour les pots de vin cela fait que même si vous le vouliez, vous ne pourrez pas faire un bon travail. Cela contribue à exploser le coût du marché. Une route où la pouzzolane est sensée être à 10 cm se retrouve à 2 cm parce que l’argent aura servi à alimenter des réseaux obscurs ce qui aboutit à des résultats catastrophiques auxquels nous assistons le plus souvent. Il faut absolument que l’exécutif en fasse une véritable priorité.
5- Douala, c’est aussi la capitale du désordre urbain au Cameroun. Comment faire, pour en sortir définitivement ?
R5
Le désordre urbain est une gangrène et c’est une des causes fondamentales du retard que la ville connaît aujourd’hui. Et comme je le disais déjà tantôt, c’est une question de volonté politique au plus haut niveau. J’ai pour habitude de dire que beaucoup regretterons ce régime non pas parce qu’il aura été bon mais plutôt parce qu’ils se rendront compte que jeter une épluchure de banane en route peut entraîner au paiement d’une amande. Les mentalités sont pourries il faudra peut être aller chercher sur deux générations après nous pour espérer sortir de l’auberge. Sinon comment comprendre que dans certains quartiers ici à Douala qu’on laisse perdurer le désordre juste parce que cela constitue un bétail électoral pour certains caïds du parti au pouvoir. Excusez-moi l’expression car un électeur est censé voter de manière intelligente mais lorsqu’on crée des taudis on transporte les gens des villages pour venir vivre à Douala en leur disant installez-vous là et allez voter le moment venu quels types de résultats voulez-vous ? Conclusion, la ville de Douala est le reflet des politiciens que le régime a forgé pendant plus de quarante ans.
Q.6- Un mot pour les citoyens
R6.
Je demande aux citoyens de prendre leur destin en main. C’est vrai que les partis politiques déploient d’énormes efforts pour former leurs militants mais ces efforts ne peuvent porter des fruits que si les populations elles-mêmes développent un certain degré de conscience. Ne laissons plus que nos voix soient achetées ,contre des prébendes . si c’est le contraire, n’attendez plus un résultat différent .il faudrait qu’on sorte de ce canevas ,ce qui passe par un vote responsable ,intelligent et futuriste pour notre propre bien.
source : le Merite
Mohamed Nchange journaliste et DP
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