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FRANTZ ESAKA EKWALA DISELE : LE FONDATEUR

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 Par Dr Charles Manga Ebongue

MULATAKO ma BELONGI ba BOME ba KAMERUN (M.B.B.K)

 

Frantz ESAKA EKWALA DISELE est directeur du chœur mixte de la paroisse de l’Église Évangélique du Cameroun (E.E.C) à Bonamududu Deïdo-Douala.

Sa qualité de directeur du chœur mixte lui permet d’être le responsable et le superviseur des BEPASI de sa paroisse.

Les succès remportés par les BEPASI de sa paroisse sont tellement retentissants que certains paroissiens aisés lui demandent d’organiser en privé des séances à leur domicile. Il réunit alors un petit groupe vocal de dix hommes qu’il accompagne lui-même à l’harmonium. C’est le début de ses représentations en privé.

Pour s’entraîner, le petit groupe d’amis et passionnés de musique se réunit soit chez MANGOYE ESAKA, le frère du maître chantre ESAKA DISELE, soit chez Abel NKUNGURU EBEBE à Bonateki-Deïdo. Le premier chœur d’Hommes est testé et apprécié par le « maestro ».

 

Notons que l’orthographe du nom EKWALA se décline en plusieurs manières. On peut l’écrire EKWALA ou EKUALA à souhait. On le trouve aussi avec la lettre « L » doublée : EKWALLA. Mais nous préférons privilégier l’orthographe suivant : EKWALA.

 

ESIMO !!! EBELE BOSO !!!

Les autorités religieuses de la paroisse ont vent de ce groupe en tournée permanente chez les paroissiens et en parlent avec leurs supérieurs hiérarchiques. Ces derniers embarrassés par les succès répétés des activités du directeur technique du chœur mixte de la paroisse lui prêtèrent des intentions vis-à-vis de sa chorale et même de l’Église.

 

En fait, les français installés au Cameroun après la grande guerre avaient une obsession. Ils craignaient le retour de l’Allemagne au Cameroun. Surtout qu’Hitler était en train de répandre des bruits de bottes en Europe.

Tous les français, même les missionnaires, travaillaient en fait comme agents de renseignements pour leur gouvernement. Leur mission était de maintenir la présence de la France dans les colonies. La France surveillait donc tout regroupement d’hommes et interdisait aux autochtones de se réunir entre eux sans contrôle de l’État Français ou des missionnaires français.

 

Pendant que :

  • la régence sévissait à la chefferie de Bonanjo,
  • les confréries et les sectes vivaient leurs meilleures années à Douala,
  • les autochtones adultes sont soupçonnés de Germanophiles Nazis.

La veille de noël 1930, voulant célébrer un événement privé avec son groupe hors du temple, la prestation du groupe de Chœurs d’Hommes est interdite à l’instigation du missionnaire français Jean Roussillon.

Après cet incident, les prestations privées d’ESAKA DISELE stoppèrent et le Directeur du chœur mixte rentra dans l’ombre.

 

Le patriarche, EBONGO Anatole témoigne :

« Je rentrais le lendemain de Yabassi où j’étais enseignant, convaincu qu’il y avait un début en force du Chœur d’Hommes à Douala. Mais l’essai tourna court. Sur la demande des services de renseignements de Monsieur Bardalou, commissaire à la sûreté, Jean Roussillon, directeur de la  mission protestante demande à Esaka et ses amis de cesser toute activité de ce genre afin de s’épargner des ennuis avec l’administration coloniale française. Pourquoi cela ? Parce qu’ils chantaient en Allemand ! C’est ainsi que le premier rang par ordre chronologique de création des chorales d’Hommes que doit occuper le Chœur d’Hommes de Deïdo est perdu. Elle n’occupera que le troisième rang après la chorale Duala-Duala à Akwa et celle de Bonaberi ».

 

Mais qui est ESAKA DISELE ?

Né à Bonamududu en 1895, fils d’EKWALA ESAKA et de TIKI NTONGA de Bonamole à Bonatene Deïdo. Frantz ESAKA EKWALA DISELE est marié et père de quatre filles. Cet employé de commerce a fait ses études au Séminaire Protestant allemand de Buea où Il reçoit une solide formation musicale avant que n’éclate la première guerre mondiale en 1914. Cette guerre va mettre fin à ses études. Il dirige le chœur mixte et le groupe des femmes de sa paroisse. C’est ainsi que l’art d’enseigner se révèle à ce fils du pays. Mais il rêve en secret de diriger comme chef, un « Mannen Chor » pour s’accomplir comme à l’image de ses anciens maîtres du séminaire.

 

ESIMO !!! EBELE BOSO !!!

Cet homme porte alors en gestation mais de manière confuse le projet de création d’un Chœur d’Hommes à Deïdo. Mais, la création du premier Chœur d’Hommes est effective le 18 octobre 1931 à l’occasion des obsèques de Manfred NGANDO DIKA, ancien élève du séminaire Allemand de la ville de Buea, au célèbre temple protestant du missionnaire Alfred Saker. Dix-huit anciens  séminaristes et amis du défunt parmi lesquels Alfred NGWA ENJENJE TABLEY et le pasteur Martin ITONDO NGANGO ont tenu à rendre un ultime hommage au maître disparu en chantant cette chanson qui leur est chère à tous : « MBUSA NDENGE JITA LA MIÑA » (longtemps après la tourmente). Le public est ému et impressionné. Un retentissement positif et admiratif se répand dans toute la ville. Le grand maître Alfred NGWA TABLEY vient de passer à postérité. NGWA TABLEY remet ça à Deïdo, lors de funérailles grandioses du vénérable patriarche TOBBO DEÏDO, pasteur de l’Église Baptiste de Nazareth Deïdo. C’est l’effervescence dans tout le quartier, les anciens séminaristes se réunissent autour d’ESAKA DISELE et se résolvent à créer quelque chose de semblable à Deïdo.

 

ESIMO !!! EBELE BOSO !!!

Pour réaliser ce projet, ESAKA DISELE va s’enquérir à son oncle Évangéliste à la Paroisse de Bonamududu. Il s’entoure aussi avec son frère musicien MANGOYE ESAKA et Abel NKUNGURU EBEBE qui a son tour fait venir NJOH MONY, animateur du chœur d’Hommes depuis avant la guerre en 1913-1914. Et de proche en proche, les personnalités comme Endmann NJOH ETEKI rejoignent le projet.

Grâce à ces personnalités, l’Église donne son accord au projet et lui octroie le Temple de Bonateki comme lieu de répétition en 1932. Le groupe quitte ainsi le lieu de répétition originel qui était le domicile d’EKOKA EBOKO.

Ce groupe recrute beaucoup à Bonateki au départ. Les premiers membres de la chorale sont :

NJOH MONY, JOMBI NDAME, NTOUBA PRISO, EJENGELE IDUBWAN, DIKONGE DIBOTI, KOTTO ELESA, MUSIO WONJA, ELONG YOSI, EJANGE NANGA, NGIME EKAMBI, EKOKA EBOKO de Bonangad’a Tene et TCHAKO MUKOKO de Bonamole Bonatene Deïdo.

 

Ce groupe se développe rapidement. Le premier président du Chœur d’Hommes de Deïdo est NJOH MONY avec comme Vice-président DICKA NGAMBI et ESAKA EKWALA DISELE comme directeur technique.

 

Dr C M E, octobre 2012

 

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