
Vendredi, 03 octobre 2025, Hysacam, société d’Hygiène et salubrité du Cameroun, en charge du ramassage des ordures dans les grandes métropoles du pays, a présenté au maire de la ville de Douala une dizaine de camions neufs dont on a dit apporter une solution efficace pour rendre la métropole économique plus propre. Pourtant rien n’y change.
On a même vu le Dr Roger Mbassa Ndinè prendre le volant d’un des camions, en signe de satisfaction. Pour cette circonstance, Mbassa Ndinè avait alors parlé d’un saut qualitatif dans la lutte contre l’insalubrité à Douala. «La ville a été inondée de tas d’ordures. Et cela a évidemment donné l’impression d’une ville très sale. Monsieur le Directeur général, je peux exprimer ma joie pour la réaction rapide de notre partenaire stratégique Hysacam. Quand je vous ai interpellé il y a quelques semaines, sur l’état de salubrité de la ville, vous m’avez promis, avec votre président, que vous allez faire le maximum pour que l’action soit menée », avait-il alors réagi.
Seulement, rendu au 6 décembre 2025, soit deux mois après, la ville présente le visage hideux. Aucun quartier n’est épargné des montagnes d’ordures qui font le grand décor. Dans les quatre coins, les montagnes d’ordures ménagères ont pris des proportions remarquables. A Ndobo, face station TOTAL, les ordures ont réduit considérablement la chaussée. Ici, les véhicules sont obligés de les aplatir pour trouver le passage. Au lieudit Château d’Eau à Bonabéri, deux dépotoirs y font la rivalité. A la cité des palmiers, les ordures s’amoncellent face à la pharmacie de la cité des palmiers. Au lieudit Saint Thomas, Douala 3é. Au marché PK14, coté Logbessu, les trottoirs qui séparent les routes se sont transformés en dépôt d’ordures. Descente Pk8, la hauteur de la montagne évolue. Au carrefour Haute Tension, limite entre cité des palmiers et Bédi, c’est un petit mont Cameroun. A Makèpè et partout ailleurs, c’est le même constat. Bref, Douala est remplie d’ordures.
Un sursaut dans le vide
- Dr Jean Pierre Ymele, avait pourtant rassuré le maire de la ville en faisant des propositions bien flatteuses : « Nous allons utiliser une partie de véhicules pour renforcer le fonctionnement du centre de transfert et l’autre partie servira à aller à l’intérieur des quartiers, dégager les tas qui se sont formés. Nous nous sommes donnés pour l’objectif d’assainir toute la ville. …. Il faudrait que Douala retrouve un état de propriété qui soit un signe d’espérance », avait alors déclaré le Directeur général de Hysacam, avec une planification à l’appui : « La situation s’étant apaisée, nous allons nous remettre à l’ouvrage pour remonter la pente. D’ailleurs, une stratégie est en élaboration pour garantir le déroulement des fêtes de fin d’année dans les meilleures conditions de propreté possibles à Douala et dans toutes les autres villes », avait encore dit le DG.
Pour dire vrais, « c’était des mots de Campagne. Les responsables d’Hysacam ont accompagné monsieur le maire pour soutenir leur champion Paul Biya. Permettez-moi de le voir ainsi, car on ne peut comprendre qu’après l’acquisition des engins, la ville est devenue plus salle encore. On va vivre les fêtes de fin d’année dans la saleté. Aussi, il faut même remarquer que cette société utilise des camions somme dans une carrière de sable. Pourtant elle doit avoir des camions à ordures appropriés. C’est pour cela que le vent emporte des ordures qui tombent sur les personnes durant le transport. C’est carrément de l’amateurisme », dit François Sintat.
Pour Michel Louis Benga, « Hysacam refuse d’admettre qu’elle ne peut plus faire seule. Douala d’aujourd’hui, m’est plus Douala de 1969. Et les autorités le savent très bien. Je ne sais pas pourquoi on veut maintenir Hysacam en situation de monopole pour le ramassage des ordures. A la fin c’est le théâtre avec des acteurs qui se moquent des populations ou tout au moins qui sont pris dans leurs propres pièges en multipliant des mensonges alors qu’ils connaissent très bien où se trouvent les solutions efficaces. Un autre maire va arriver et Hysacam va continuer à jouer la même pièce de théâtre en changeant tout simplement les acteurs », dit cet habitant de Nyalla Château.
Alors que ce soit dans les quartiers ou dans les marchés. Plus les jours passent, plus le volume augmente. Et les effets se font sentir sur les populations. « Nous vivons des moments assez particuliers avec les souris qui nous ont littéralement envahi. Elles rongent tout sur leur passage. Bouteilles d’huile végétale, sceaux en plastique, armoires dans lesquelles nous conservons nos petites provisions. Pour les moustiques n’en parlons pas. Et dans la nuit, l’air est pollué. On respire que du pourri à longueur des journées. Il faut ajouter les mouches», raconte Angèle Edou Ekomane à Bédi.
De la satisfaction à l’insatisfaction
Ce qui est certain est que, «c’est un sentiment d’insatisfaction pour ce qui se passe dans le volet assainissement de la ville. Le sentiment d’espoir et d’espérance pour une ville de Douala de devenir propre s’est mué au désespoir et sans espérance. On va parler de Douala, la sale », a dit Jean Jaurès Ebonguè Njoh, qui a choisi de transformer les propos du Dr Roger Mbassa Ndiné qui, le 03 octobre 2025, fièrement assis au volant de la nouveauté a alors déclaré : « C’est un sentiment de satisfaction pour ce qui va se passer à partir de ce soir dans le volet assainissement de la ville. J’ai en même temps un sentiment d’espoir et d’espérance pour une ville de Douala qui va redevenir une ville propre. Douala, la belle », c’était 9 jours avant la tenue du scrutin présidentiel.









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