, « Jeudi propre » est institué à Douala depuis une dizaine d’années déjà. Selon cette mesure administrative ou communale, les commerçants sont tenus tous les jeudis d’assurer le nettoyage des sites qu’ils occupent. Le démarrage des activités est fixé à 11h, pas avant.
Bépanda, Ndokoti, New-bell, Village, Km14, marché central, Mboppi…… il n’y a pas d‘exception. Tous les lieux de commerce de tous les quartiers ou communes de Douala sont astreints au respect du principe. Au tout début, peu de gens prenaient l’affaire au sérieux. Les commerçants téméraires ouvraient leurs boutiques, prenant ainsi le risque de se faire cueillir par la police municipale. Celle-ci emportait alors de force quelques marchandises et obligeaient les contrevenants à payer une amende à la mairie avant de les récupérer. Au fil du temps, les opérations coup de poing ont fini par produire leurs effets. Elles ont contraint les commerçants à s’assagir.
Aujourd’hui, ils font plus attention. Certes, quelques malins tentent d’assurer le service à l’arrière-boutique en attendant l’heure d’ouverture mais d’une manière générale, les commerces sont fermés les jeudis matin dans la capitale économique. Certains ont réussi à ajuster leur agenda pour mettre autrement à profit cette journée qui leur a été imposée. « Un rendez-vous chez le dentiste, un tête à tête avec le fournisseur ou le banquier, c’est désormais le jeudi », affirme Viviane Laure Tchakounté, tenancière d’une supérette au quartier Nyalla. Pour Onana Georgette, sa voisine qui tient un espace pour bureautique et un salon de beauté, « ce jour est consacré aux commissions diverses qui peuvent relever ou non du cadre du travail. Il m’arrive aussi de faire simplement la grasse matinée mais honnêtement cette journée ne m’enchante pas ».
Quel texte administratif encadre « le jeudi propre» ?
Qu’en est-il alors de la propreté ? . Les dames disent qu’elles n’attendent pas les jeudis pour assurer le nettoyage de leurs lieux de travail. « Balayer mon salon à l’ouverture c’est comme me brosser les dents le matin au réveil, c’est presqu’un rituel », renchérit Georgette. En réalité, personne ne se préoccupe spécialement de la question de propreté le jeudi! Ni les commerçants qui s’affairent à autre chose, ni les autorités communales. La police municipale reste focalisée sur les boutiques qu’elle veut voire fermée. Elle pourchasse jusqu’aux kiosquiers. « Nous n’avons pas le droit d’ouvrir, nous devons attendre l’heure même si nous ne balayons rien », assure l’un d’eux.
Finalement, à quoi ça sert « le jeudi propre » ? A rien du tout, dit Viviane Laure. « On nous prend comme çà presqu’une demi-journée dans la semaine or nous avons les charges locatives et fiscale qui pèsent sur nos épaules ». De l’avis de nombreux citadins en effet, « Jeudi propre » est loin d’être une idée géniale. Difficile de mettre en doute son caractère superflu. Pour un jour ouvrable, les commerces sont fermées et pas d’action de propreté. Plus compliqué à comprendre encore est la disparité dans son application, les petits boutiquiers du quartier sont obligés d’observer la mesure mais pas les grands groupes. Cela obéit à quelle logique ? Que prévoie concrètement le texte administratif qui encadre « le jeudi propre» ? Quel en est le bilan pour les communes à ce jour?
Nous avons sollicité avec insistance mais en vain, l’éclairage des maires de Douala 1er, de Douala 3e, de Douala 5e et du préfet du Wouri pour comprendre cette mesure qui semble à tout point de vue superfétatoire
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