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L’INDEPENDANTISTE ADOLF LOTTIN SAME

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On ne saurait parler du Révérend Pasteur Adolf LOTIN’a SAME sans parler de l´Église Baptiste Camerounaise (E.B.C), émanant de la Native Baptist Church (N.B.C), première congrégation religieuse qui est créée en 1845 par le missionnaire Alfred SAKER.

L´Église Baptiste Camerounaise (E.B.C) a suivi les changements politiques qui ont affecté notre pays, le Cameroun, tout au long de son histoire.

 

ENGINGILA YE !!! EWESE !!!

D’abord appelé Native Baptist Church (Église Baptiste des natifs du pays ou Église Baptiste des enfants du pays) par les Anglais, puis Einge Borena Baptisen à l´époque allemande, vers les années 1891. Cette communauté est devenue Église Baptiste Camerounaise (E.B.C) lors de la colonisation du Cameroun par la république française.

De 1845 à 1917 d´autres missionnaires arrivés au Cameroun comme : la mission de Paris (France), la mission de Bâle (Suisse) et la mission allemande ; entreprennent de regrouper tous les Baptistes. Mais, certaines querelles provoquent la scission et l´indépendance des communautés de la Native Baptist Church (NBC).

Devenue autonome en 1888, la NBC obtient son indépendance à partir de 1921 sous la direction du Révérend Pasteur Adolf LOTIN, fils de SAME MULOBE (Adolf LOTIN’a SAME).

Sous le poids des représailles perpétuées par la Mission Évangélique de Paris, la NBC connaît beaucoup de tracasseries jusqu’en 1932, date à laquelle le Révérend Pasteur LOTIN’a SAME, persévérant et soutenu par sa communauté, parvient à obtenir à nouveau l´autorisation de rouvrir les temples après un procès qui aura duré plus de deux ans.

Le culte inaugural célébré en l´église baptiste de Bonalembe (Baptist Ba Bakala) l’« église baptiste des blancs » par le Pasteur Jean Roussillon est massivement couru. Ce culte est couronné par un immense  succès populaire dans la ville de Douala.

 

ENGINGILA YE !!! EWESE !!!

Le Révérend Pasteur LOTIN’a SAME réalise de nombreuses œuvres :

  • La rénovation liturgique qui tient compte de la sensibilité africaine des paroissiens.
  • La composition de quelques centaines de cantiques sous forme de « Ngoso » (Esewe Ya Bosangi), plus beaux les uns que des autres.

 

En fait, il est le premier camerounais à lancer le mouvement d’inculturation de l’Église par l’adaptation liturgique et l’introduction de sonorités locales par des instruments traditionnels dans le chant religieux. Les jeunes maîtres chantres comme Daniel DUMBE EYANGO ou Paul LEMBE MBAPE poursuivront le chemin qu’il a initié.

Sans y parvenir, les missionnaires européens et l´administration coloniale vont faire des pieds et des mains pour briser l’élan patriotique du Révérend Pasteur LOTIN’a SAME,

Les sujets de déontologie chrétienne sont l’objet du différend entre le Révérend Pasteur LOTIN’a SAME et la Mission de Paris. Entre autres, on lui reproche d´accepter des chrétiens polygames dans l´Église. Il part du principe qu´il faut prendre ses compatriotes tels qu’ils sont. C’est-à-dire polygames, certes, mais qu´on peut néanmoins les ramener à Dieu. Il appuie son raisonnement sur le Christ lui-même, qui a dit « qu’il est venu chercher ceux qui sont perdus ». Le Christ est allé vers les Pharisiens, les païens et les pécheurs afin de les attirer vers la foi en Dieu, le Seigneur Tout-puissant. Ne trouvant pas d´arguments, les missionnaires blancs cherchèrent des alibis et accusèrent le Révérend Pasteur LOTIN’a SAME d´exercice d´activités lucratives.

Auparavant, la direction de la NBC est confiée au Révérend Pasteur LOTIN’a SAME sans lui doter d’aucun moyen. Il lui faut alors trouver des ressources financière. Pour ce faire, sa famille créée une société d’exploitation forestière dans la ville de LOUM dans la région du MUNGO. C´est de là qu’il tire sa « manne ». Et cet argent, loin de garnir ses poches est investi et mis au service de son Église.

 

ENGINGILA YE !!! EWESE !!!

L’esprit d´« insoumission » du Révérend Pasteur LOTIN’a SAME est perçu par les autorités coloniales comme un mauvais exemple pour la population. Il est par conséquent considéré comme un rebelle qu’il faut à tout prix éliminer, d’où son emprisonnement et son excommuniassion.

Le Cameroun est en droit d’être fier de compter le Révérend Pasteur LOTIN’a SAME parmi les figures marquantes de son histoire.

 

TO NJA NU S’UKEDI A TITI JENGU : la tradition ne reconnaît parmi ses fils que ceux qui se donnent la peine de répondre présent à ses appels.

 

Oui, le Révérend Pasteur LOTIN’a SAME est bien un fils de JENGU (sirène). Parce qu’il est de Bonamuti. Un des clans qui a le pouvoir d’aller consulter les oracles lors de la cérémonie du Ngondo. Les membres de son clan plongent pendant plusieurs minutes pour rapporter les symboles qui définissent le message que les ancêtres envoient chaque année aux vivants.

La Révérend Pasteur LOTIN’a SAME possède une lecture très africaines des saintes écritures. LOTIN’a SAME lutte aussi pour la liberté d’opinion et de culte pour son peuple.

 

Adolf LOTIN’a SAME, le réorganisateur de la NBC, est né le 9 Octobre 1881 à Bonamuti Akwa Douala, de son père SAME MULOBE et de sa mère Anne NDONGO EKONDEDI. Le jeune LOTIN fils de SAME, entre dans l’une des nombreuses écoles créées par les missionnaires du nouveau Béthel. Il épouse entre temps sa bien-aimée, Catherine ENGOME BARLA (Katie).

Après avoir exercé pendant longtemps comme pasteur sous l’autorité du pasteur Bender du nouveau Béthel, LOTIN’a SAME rejoint en 1915, la Native Baptist Church (NBC).

Il en devient le président le 17 Mai 1921.

 

MUKOK’EWESE MO NA, DI KWEDI TE OA BWANGA KE LE NDE LONGO : tout ce qui t’échoit est à toi dit le martin-pêcheur.

Aussitôt installé comme président de la NBC, la SME (Société des Missions Évangéliques de France) exerce des pressions sur lui pour l’amener à placer la NBC sous son autorité. LOTIN’a SAME refuse. Car il prêche pour une Église locale autonome, libérée de toute influence liturgique étrangère.

Il engage en outre son sacerdoce dans un combat de libération contre la domination des colons et dévoile ainsi son esprit nationaliste. Il est aussi violemment combattu par quelques-uns de ses propres frères dont les pasteurs TOBBO DEÏDO, NGANDO NSANGE et ÑAMBE, anciens animateurs de la NBC qui ont rejoint la SME.

 

Après sa sortie de prison en 1922, LOTIN’a SAME écrit la chanson « MBALE NA MA TIMBA NA TETE », une chanson religieuse qui évoque l’espoir après l’oppression coloniale.

 

C’est en mars 1922 que LOTIN’a SAME est exclu de l’Église Baptiste et est dépossédé de son titre de pasteur.

Pour les autorités coloniales françaises : « une Église qui n’a pas de français (blanc de type européen) parmi ses guides est subversive ».

La NBC est interdite.

Les lieux de culte de la NBC sont tous fermés sur ordre des autorités coloniales françaises.

Le pasteur LOTIN’a SAME est d’abord placé en résidence surveillée puis enfermé à la prison de New Bell.

Libéré, LOTIN’a SAME prêche dans la clandestinité. Il entraîne avec lui de nombreux fidèles et authentiques patriotes qui se réunissent sous les manguiers ou dans les cases abandonnées. Il noue des relations avec le prédicateur jamaïcain Marcus GARVEY qui prêche que la race noire libérée est celle qui libérera le monde du péché.

 

DIBIE LE NDE NJANGI : le savoir résulte d’une collecte.

 

A partir de 1922, LOTIN’a SAME va connaître une traversée du désert pendant dix ans. Il profite de cette période pour composer une œuvre musicale colossale de plus de quatre cents (400) chansons, toutes composées dans le genre musical « Ngoso ». Il regroupe son œuvre sous le titre : «Esewe Ya Bosangi» (Saints cantiques). Ces cantiques sont de véritables cris de révolte et d’actes patriotiques.

ENGINGILA YE !!! EWESE !!!

En 1925, l’épouse de LOTIN’a SAME, ENGOME BARLA meurt. En 1928, LOTIN’a SAME met fin à son veuvage et épouse Liliane NDOME NDUMBE KOUM. De cette union, naîtront 6 enfants :

  • Catherine NGOBO LOTIN SAME dite Katie (1930-1983)
  • Kore KOUM LOTIN SAME (1932-)
  • David LOTIN LOTIN SAME dit Dallé (1934-)
  • Abel NDUMBE LOTIN SAME (1939-2003)
  • Emmanuel EBOA LOTIN SAME (1942-1997)
  • KWEDI LOTIN SAME (1945).

 

En 1929, l’activiste, LOTIN’a SAME crée un groupe de réflexion chargé d’amener les français à autoriser les activités de la Native Baptist Church (NBC). La NBC est finalement rétablie en 1932, après un long procès, toujours sous la présidence de LOTIN’a SAME.

Il crée alors la fameuse chorale « TAPITA ».

 

Le célèbre Pasteur réputé de posséder le don d’ubiquité est présent partout. Il participe avec ses fidèles à de nombreuses veillées funèbres où ses chants Ngoso entrecoupés de prédications, entretiennent la flamme patriotique.

A partir de cette date, ses adeptes implantent des lieux de culte partout dans le littoral du Cameroun, malgré l’opposition d’autres pasteurs tels que John ESOBE.

Après l’arrivée de Hitler au pouvoir en 1934 en Allemagne, les autorités françaises soupçonnent le pasteur LOTIN’a SAME d’être un germanophile nazi, œuvrant pour le retour de l’Allemagne au Cameroun. Elles le jettent à nouveau en prison en 1940. Il est défendu par talentueux maître Jules NININE.

 

Puis, LOTIN’a SAME est libéré de prison en 1941. A sa sortie, il regroupe la NBC qui est en lambeaux et continue à prêcher pour la libération de son peuple. C’est à sa sortie de prison que Dieu lui envoie un fils prodige qu’il nomme EBOA (la prison) LOTIN’a SAME (EBOA, fils de LOTIN’a SAME).

EBOA LOTIN deviendra sculpteur et musicien. Son œuvre révolutionnera le genre de musique locale à la mode durant les années 60, le MAKOSSA.

 

 

Dr C M E, octobre 2015

 

 

 

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