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L’INTÉGRITÉ DES DIRIGEANTS ET SON EFFET DIRECT SUR LE PARTI

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Alors que s’approchent les élections des conseillers municipaux et des députés à l’Assemblée nationale, que le corps électoral de ses deux scrutins soit convoqué dans le délai de fin de mandat des élus actuels ou que les mandats de ceux-ci soient reportés de 6 mois supplémentaires, l’Union des populations du Cameroun (Upc) n’est pas prête. Engluée dans un désordre indescriptible, elle a besoin de nouveaux et de vrais dirigeants pour affronter les prochaines échéances électorales. C’est ce qui ressort du discours prononcé parEbénézer Ntock (il préside le CERA-UPC) à l’occasion de la rentrée politique  de ce  parti le 13 septembre 2025.  Dans le texte qui suit, il dresse un état des lieux sans complaisance de cette formation politique en 2025 qui,   jadis respectée, a perdu de sa crédibilité. Il rend également un vibrant hommage à ses dirigeants fondateurs reconnus comme des modèles de patriotisme et d’intégrité.  

L’Union des populations du Cameroun a besoin de stabilité et de cohésion. Toute réflexion sérieuse sur la situation du parti en 2025 pour 2026 et sur les solutions à y apporterrequiert au préalable de dresser un état des lieux du parti et d’interroger le dispositif de son droit disciplinaire. De mêmeque tout Upciste désireux de l’assainir et de le redresser doit s’attacher à sa propre intégrité et à celle de ses Camarades du parti parce que l’intégrité est la condition de la fermeté sans laquelle les autres vertus sont anéanties. La fermeté qui ne s’accommode pas de la facilité, c’est la rigueur à appliquer aux autres vertus du parti, de sorte que l’intégrité, mas sans le mot à la devise du parti, englobe l’ensemble des vertus cardinales du parti.

L’intégrité consiste à refuser de se salir et en créant les conditions de ne pas se salir afin que ça ne tache pas dans tous les cas. L’intégrité par attraction est donc un tout complet et intégral, le parti et ses membres. Elle est la même pour tout membre du parti, membres ordinaires et membres hors du commun. Elle s’impose davantage aux dirigeants comme la condition de leur choix par les simples membres du parti. Elle a donc un effet direct sur la bonne marche du parti. L’intégrité est morale. L’intégrité est politique. L’intégrité attire.

Pensée et mise en pratique par les dirigeants fondateurs, c’est la richesse du parti produite par eux qui lui donne son histoire propre qui le préserve aujourd’hui, mais la rupture à grande échelle de l’intégrité par les dirigeants actuels, c’est déjà l’évidence même ou le symptôme de la pauvreté à l’intérieur du parti en 2025 si bien que l’intégrité du parti et de ses membres est mise à l’épreuve sur l’échec des dirigeants actuels à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025.

L’intégrité des dirigeants fondateurs et la richesse du parti.

Que disent objectivement, le contexte est le même de 1948 à 2025, la vie, l’œuvre et la mort de Ruben UM NYOBE, sauvagement assassiné le 13 septembre 1958, avant lui, dès 1954-1955 et par la suite ses nombreux Camaradesempoisonnés, exécutés, jetés en prison, sommairement jugés et fusillés. La barbarie étalée sur une longue période contre le parti et ses membres. Toutes et tous ensemble, des Chefs intègres, connus et reconnus, méconnus et inconnus. Un catalogue, un chapelet ou une litanie de leur recension pour les nommer toutes et tous.

Sobriété et modestie et discrétion, pour les uns. Extravagance et popularité et vantardise, pour les autres. Chacun dans son style. Les uns préparant leurs discours par l’écrit, mais les autres les improvisant, mais toujours avec la vigueur des mots. Ecrire permet d’améliorer la pensée et de l’approfondir. Le génie de l’orateur fascine son public. Ecrire son discours, mais ne pas le lire, ca relève des deux catégories à la fois, celle des verbo-scripteurs..

L’intégrité en politique, du point de vue partisan, c’est un jeu collectif sans lequel il n’y a pas de victoires collectives pour le parti dans son ensemble, chacun selon ses qualités personnelles et ses défauts. Ils réfléchissaient toutes et tous ensemble, comme dans un colloque, et agissaient en ordre de bataille contre le pouvoir en place qui était brutal comme celui d’aujourd’hui, sous différents aspects. Leurs divergences de points de vues n’étaient pas systématiques tellement la délibération collective et en assemblée était essentielle dans leurs décisions et leurs actions. Leurs tempéraments et leurs origines sociales n’avaient pas fracturé le parti parce que c’était véritablement pour eux, l’Union de toutes les populations du Cameroun. Leur intégrité était la preuve de leur noblesse à la fois de corps, de cœur, d’âme et d’esprit. C’était de l’ordre à la fois du charisme individuel et du charisme de groupe. Le premier au service du second, et vice versa. Le dirigeant ne dirige pas seul, mais il dirige avec les autres dirigeants, sur les sujets simples comme sur les sujets complexes, et avec tous les membres du parti, la prise des décisions : collégialité, consultation, dialogue, unité, complémentarité, interdépendance, coordination, etc.

Aucun d’entre eux ne cherchait à s’imposer aux dépens des autres, même en ayant pris de l’ascendant sur le groupe. Leurs paroles étaient brèves et courtoises parce qu’ils poursuivaient les objectifs communs au-dessus d’eux. Le Cameroun était le projet commun pour eux. Leurs écrits sont beaux et harmonieux, concis et précis, et très bien illustrés. Le parti était le pôle d’attraction des débats intellectuels contre le pouvoir en place. La politique était pour eux un exercice intellectuel à la recherche du bien commun et l’intérêt général est ce qui les préoccupait : la justice sociale. Ils ont laissé une œuvre monumentale par leurs intelligences et leur courage hors du commun. Ils étaient cultivés. Chacun dans son métier, ils appartenaient à tous les corps de métiers : médecine, économie et gestion, droit, etc.  

Ce n’est pas pour dire que tout était beau ou qu’ils ne s’étaient jamais trompés du tout. Même les intellectuels se trompent et ils trahissent généralement eux aussi. Des zones d’ombre existent dans toute histoire humaine, mais sans la polémique, il y aura toujours une raison au moins de célébrer la création du parti et de commémorer les dirigeants fondateurs du parti et aucune date au calendrier n’est exempte de souvenirs élogieux à cet égard. Une discipline de tout cela est nécessaire, en vertu des considérations sur ce qui est commun aux membres du parti parce que le regard sur l’œuvre originaire ne se brouillera pas. Salut à ses fondateurs et leur heure tous les Combattants à leur succession et leur héritage. Comme des références présentes et inoubliables de notre histoire collective.    

Sur ce passé d’ordre et de gloire, à qui se référer parmi les survivants, comme étant encore de nos jours la figure représentative de ce groupe victorieux contre le pouvoir en place de cette période de terreur, de pires violences et de la répression disproportionnée ? Un présent de confusion, de compromission, de désordre et de défaite, sur qui poser ou élever le regard parmi les poids lourds émérites et ou émergents, à l’heure de la rupture visible à l’œil nu de l’intégrité du parti par la faillite volontaire ou involontaire des directions actuelles, mais pourquoi tant de directions actuellement au lieu d’une seule direction du parti à chaque échelle de son organisation et comment y mettre fin ?

La rupture à grande échelle de l’intégrité du parti par les dirigeants actuels et la pauvreté du parti.

Le dépeçage du parti en 2025 fend le cœur. Les conflits de personnes au parti sont affirmés. Ils sont stériles. C’est douloureux, la crise des directions du parti aujourd’hui à tous ses organes. Cette crise revêt un caractère grave, non pas seulement en raison de ses multiples directions qui se créent de plus en plus au sommet du parti, mais à cause surtout de sa prétendue base dirigeante très fragile et donc influençable. Les conditions économiques y sont pour beaucoup, le niveau d’études aussi, et d’échecs en échecs, la dégringolade du parti, de sorte qu’elle se démobilise, les pauvres parmi les pauvres, disséminée et sans moyens de résistance à la corruption de ces prétendus dirigeants nationaux. Ce n’est pas banal, la manipulation des organes de base et des organes annexes du parti par les prétendus dirigeants au prétendu sommet du parti.

Pour comprendre la profondeur de la crise qui atteint le parti en 2025, il faut prendre la mesure de la faveur qui était la sienne en 2018 au moins. Le congrès raté en 2017 et une direction qui n’a jamais été à la hauteur de la situation du dépérissement accéléré du parti et du pays, malgré les entorses à ses principes directeurs bien avant ce congrès-là, une année qui était aussi cruciale pour le parti, aux plan électoral et organisationnel, comme celles de 1992 et après, pour le pays aussi. C’est frappant, la déroute du parti à ces élections.    

Le tournant de 2017. Les causes de l’échec en 2025, comme ceux de l’échec en 2018, sont uniquement humaines parce que les conflits des directions ne portent que sur les femmes et les hommes qui prétendent diriger le parti aujourd’hui. Ce sont des femmes et des hommes sans scrupule parce que n’ayant pas d’ambitions pour le collectif, des prétendus dirigeants faibles à tous points de vue, des dirigeants qui n’ont jamais été à leurs places. Médiocres par leurs combats minables sur leurs prétendues rivalités insignifiantes, ça ne devait pas normalement aboutir à la cassure du parti, comme c’est le cas aujourd’hui, s’il n’y avait pas eu la rupture de la continuité du parti à l’échelle nationale et au niveau local, entre la direction de 2014, pas si bien élue elle aussi, et celle de 2017, très mal élue à l’apparence et avec ses membres alternés faisant des navettes dans toutes les directions nationales éparpillées et sur leurs propres tribulations à couper le souffle. Des dirigeants secondaires tournant eux aussi en rond sans le fond politique sur ces clivages.    

Le mauvais état des lieux du parti en 2025 est attristant : usurpation des  titres, faux et usage de faux, le faux matériel et le faux intellectuel, faux diplômes, faux actes de naissance, faux comptes rendus, absence de comptabilité, défaut de documents comptables, filouterie, fraudes, tricherie, mensonge, dissimulation, calomnie, diffamation, etc.. La situation observable à l’intérieur du parti estcaractérisée par le clientélisme tribal, les commérages et les intrigues, les petites amitiés superficielles et la recherche des postes vides, sur fond de procédures judiciaires de la légalité administrative, médiatique et gouvernementale revendiquée par chacune des directions, et des détournements des biens, des fonds et des avoirs du parti, le financement public de la discorde. Ce qui conduit celui-ci à ne même plus s’organiser en toute autonomie à l’intérieur même de ces directionsnationales et régionales, faute de ressources nécessaires, ainsi que dans ses organes de base et dans ses organes annexes clairsemés par ici, et inexistants par là, faute de ressources adéquates. Ce n’est pas anecdotique, le mauvais climat social au parti.

​​​​​                      Maitre EbénezerNtock

                                                                   Avocat au bareau du Cameroun

Campagne Nationale pour la paix et la non-violence

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