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Litige foncier dans le Littoral : l’arbitrage du Chef de l’Etat

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Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement a signé le 6 aout dernier sur « Très hautes instructions du Président de la République », un décret qui invalide celui pris le 14 juillet 2020, et ordonne également de « surseoir à la procédure de classement » d’une autre portion de foret toujours située dans la région du Littoral.

Initié par le Ministère des forets et de la faune, le projet destiné à transformer en unité forestière d’aménagement (UFA) la forêt Ebo, a vu sa fin à travers cet acte du Chef de l’Etat.

Selon le communiqué du Secrétaire général des services du Premier Ministre, le Président de la République a ordonné l’annulation de la décision prise par le Premier Ministre le 14 juillet dernier, laquelle portait classement au domaine privé de l’Etat d’une portion de forêt de 68 385 hectares, constituée en unité forestière d’aménagement dénommée UFA 07 006, située dans les départements du Nkam et de la Sanaga-Maritime.

En effet, la décision annulée avait pour but d’accorder les deux portions de terres mentionnées dans le communiqué, à des opérateurs économiques, sous formes de concessions forestières. Cela a suscité de vives réactions de la part des organisations de la société civile et des populations riveraines, qui dénonçaient une volonté manifeste de détruire la riche biodiversité qu’abrite encore la forêt d’Ebo, laquelle devait au départ être transformée en parc national ; une idée contre laquelle s’était aussi insurgées les populations. Elles dénonçaient en effet « les restrictions énormes qu’un parc national fait peser sur l’environnement et l’épanouissement humains à l’intérieur comme dans ses environs au Cameroun ».

Située dans la région du Littoral, La forêt vierge d’Ebo est un joyau de biodiversité avec notamment des essences rares de bois, et une faune très riche abritant particulièrement des espèces de primates en voie d’extinction. Elle fait ainsi souvent l’objet d’expéditions et de recherches scientifiques. C’est donc sans surprise que l’annonce de la mise en concession de ces milliers d’hectares, a suscité des oppositions tant au plan national qu’international, avec notamment la signature d’une pétition mondiale par plusieurs ONG et même des célébrités comme Léonardo Di Caprio. L’objectif étant d’empêcher son exploitation commerciale. Au total, 40 villages auraient perdu l’accès aux ressources de la forêt.

Au-delà des problèmes liés à l’écologie et aux populations locales, il faut relever les irrégularités qui entachent la procédure d’aménagement en question, à savoir l’absence d’un plan d’aménagement préalable. En effet, en cas d’absence d’un plan d’aménagement, un délai de 90 jours est accordé afin de recueillir les avis des populations. Dans le cadre de cette procédure, ce délai a non seulement été raccourci à 30 jours afin d’avancer le classement, mais aussi les populations n’ont pas été consultées, car les informations n’ont pas été rendues publiques. Ce n’est que quelques jours avant le classement que les chefs locaux étant convoqués, ont appris l’existence de la procédure.

La décision du Chef de l’Etat vient ainsi préserver la forêt sacrée Ebo, tout en mettant fin à un conflit d’aménagement provoqué par une procédure entachée d’irrégularités et d’injustice envers la communauté Banen, dont les populations ont été déplacées pour une grande part lors de la guerre du maquis dans les années 60.

« L’arbitrage présidentiel est décisif dans les conflits d’aménagement au Cameroun. En effet, juge des intérêts supérieurs de l’Etat, il est à même de définir ce qui relève de l’intérêt général querellé au cours de ces conflits », considère le Dr. Yvan Issekin, politologue. Pour lui, ce gel de l’aménagement doit permettre aux populations environnantes de préparer une alternative aux UFA et au projet de parc national.

 

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