Le Maire de la ville de Douala a lancé une plateforme numérique pour inciter les citoyens camerounais établis à l’étranger, à venir investir dans la métropole économique du pays.
C’est depuis pratiquement 3 ans que le Maire de la ville travaille pour créer un cadre d’échanges plus efficient avec la diaspora et la mairie de la ville. Les contours ont été dévoilés le 26 juin 2024 dans les locaux de la communauté urbaine de Douala, devant un parterre de personnalités et des journalistes. Roger Mbassa Ndiné n’a pas longtemps attendu pour expliquer sa démarche : «C’est la vision que nous avons pour la ville qui nous dit que nous avons besoin de la diaspora. Quand on regarde les flux, les transferts qu’elle fait, d’une manière générale, Les transferts à la diaspora sont supérieurs à l’aide publique au développement que nous recevons des pays étrangers », a dit le Maire dès sa prise de parole qui a insisté sur l’absence de moyens financiers qui freinent les actions à entreprendre : « Les moyens sont limités… », a-t-il dit, d’où la mobilisation des énergies pour l’atteinte des objectifs fixés : « Nous voulons donc, à travers cette politique, mobiliser à la fois les compétences, les réseaux, tout le potentiel d’investissement. Je dirais même aussi les portefeuilles de relations qui permettraient éventuellement que les investisseurs directs étrangers viennent également investir à Douala, pour nous aider à faire face à l’exigence sociale qui est extrêmement forte», a encore dit Mbassa Ndinè. Comme il s’agit d’une démarche, il faut bien insister sur les motivations majeurs qui ont poussé la mairie de la ville a tendre la main vers la diaspora : «Alors, ce qui motive la Ville à mettre en place une plateforme avec la Diaspora, c’est évidemment les besoins énormes que la Ville a en investissement, en expertise et la Ville est consciente du fait que sa Diaspora a beaucoup de compétences, beaucoup de possibilités, beaucoup d’opportunités. Donc, c’est simplement ça et la Ville est aussi consciente du fait qu’elle ne peut pas assurer seule son développement. Donc, on a toujours besoin d’acteurs divers. La Diaspora est un acteur, les opérateurs économiques sont un autre. Donc, c’est dans ce contexte-là qu’on tend la main à la Diaspora», a expliqué Samuel Solle, chef de Cellule de l’Attractivité Territoriale et de la Promotion de l’investissement privé.
Faire participer la Diaspora au développement local
Une approche appréciée par certains membres de la diaspora, pour qui, « Cette plateforme va avoir l’occasion, de faire mâturer en compétence la ville. Il y a un cout d’apprentissage sur la Diaspora qui est long, particulièrement la Diaspora camerounaise qui est extrêmement complexe et puissante. Cela prendra quelques semaines, quelques mois, quelques années », a- déclaré à son tour de parole, Samir Bouzid, expert du programme invest in diaspora de l’AIMF qui a rappelé clairement les objectifs : « Et l’objectif, c’est de faire participer la Diaspora au développement local. C’est une association qui a un gros potentiel. Cette relation entre les Diasporas et les territoires, elle est potentiellement très intéressante parce que cette Diaspora camerounaise, elle est d’abord attachée à sa communauté et son territoire d’origine, vous voyez. Donc, il y a vraiment quelque chose à aller semer, à aller vraiment labourer. Et ensuite, je pense qu’on va commencer à récolter», a-t-il déclaré, insistant sur le fait qu’«il faut avoir des choses à proposer à la Diaspora en termes d’investir et de s’investir. A l’échelle d’une Diaspora, vous avez 7 à 8 sur 10 qui veulent s’investir. Donc, investir, c’est des compétences, c’est des réseaux d’influence, c’est du don», a dit l’expert.
C’est donc à travers la plateforme numérique dénommée «icud-diaspora», que tout va se faire. Et en suivant d’autres explications, on a retenu que «icud-diaspora permet aux migrants camerounais de déclarer leurs projets pour Douala en quelques clics et de proposer leurs expertises. En réponse, la mairie va leur proposer des partenariats public-privé, un interlocuteur dédié à distance, une assistance aux projets, des services en ligne, un réseau de prestataires agréés et la mise à disposition du foncier», précisions faites.
Pour le maire Mbassa Ndine, « il est question de construire ensemble le développement de Douala avec les fils et les filles du Cameroun qui sont à l’étranger et qui sont une force pour leur pays», il faut «encourager les Camerounais de l’étranger à investir dans l’une des plus grandes métropoles économiques du pays. Il nous a semblé opportun maintenant d’installer des passerelles digitales pour mieux, nous approprier les opportunités qui s’offrent à nous. Nous voulons à travers cette plateforme, proposer à la fois des compétences, les réseaux, les portefeuilles de relations qui vont permettre à notre diaspora de venir également investir à Douala pour nous aider à faire face à la forte demande sociale de la ville», a-t-il fait savoir.
Evoquant l’apport de la diaspora, Selon certaines sources diplomatiques, les transferts de fonds de la diaspora ne sont pas négligeables pour les économies africaines.
Dans les rapports de la Banque mondiale, les envois d’argent des migrants camerounais vers leur pays d’origine s’élevaient en 2021 à 350 millions de dollars et en 2022 à 365 millions de dollars soit environ 221 milliards Fcfa en hausse d’environ 5% en valeur comparée. Une masse monétaire non négligeable pour impulser le développement de Douala.
Josué Tobbo
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