par Dr Charles Adalbert Manga Ebongue
A la mort de MANGA NDUMBE en 1908, le gouverneur en place à l’époque fait son éloge funèbre : « Peuple Duala, sachez que le toit sous lequel se coudoyaient les Blancs et les Noirs, vient de s’effondrer ».
Il annonce ainsi le début d’une période de troubles en Europe et particulièrement violente entre les colons et les autochtones.
Le fils de MANGA NDUMBE, DUALA MANGA va connaître un destin de roi très court néanmoins très concentré en événements dramatiques. DUALA MANGA règne dès la mort de son père en 1908 jusqu’en 1914 où il est pendu par les allemands.
Sa vie est décrite dans plusieurs ouvrages donc nous ne serons pas exhaustifs dans ces notes. Notre devoir est d’honorer sa détermination, son courage et son sacrifice. Notons aussi que son destin est depuis sa pendaison étroitement lié à l’histoire de son peuple, les Sawa. Il est surnommé : « TET’EKOMBO » (le père de la nation), « NGUM’A MUSANGO » (le pacifique), « NGUM’A JEMEA » (le plus déterminé).
Le procès qui condamne à mort Rudolf DUALA MANGA BELL
En novembre 1912, DUALA MANGA s’oppose au projet d’expropriation de son peuple au profit de lotissements européens. Les raisons évoquées sont la salubrité. Il s’adresse au gouverneur allemand en ces termes :
« Nous demandons le renoncement de ce transfert quoiqu’il soit décidé. Nous en subirons un tel dommage que nous en mourrions. Notre seule prière, c’est de pouvoir mourir sur le territoire où ont vécus nos ancêtres et nos parents, et où nous avons grandi ».
Le gouverneur développe des arguments en faveur de l’expropriation en disant : « vos ancêtres n’ont pas du tout habité là où vous logez aujourd’hui… D’ailleurs vous allez deux ou trois jours à la pêche et plusieurs semaines dans vos plantations. Qu’est-ce que quinze minutes de plus pour atteindre la rive ?… Je veux rendre la ville de Douala grande et riche par les voies ferrées, par les grandes installations du port. Vos enfants en profiteront… ».
Lorsque le gouverneur allemand au Cameroun comprit qu’il ne pouvait pas effacer l’esprit patriotique que DUALA MANGA avait attisé dans la population. il envoya un télégramme à sa hiérarchie en Allemagne. Ce télégramme disait que DUALA MANGA avait trahi l’empereur et l’empire allemand. Il fut arrêté et emprisonné le 10 mai 1914. Ensuite, son secrétaire NGOSO DIN est écroué à Berlin la capitale allemande pendant 9 jours. Il revient enchaîné dans un bateau qui le ramène à Douala au Cameroun où il est comme son souverain emprisonné. Tous deux sont jugés le 7 Août 1914 et condamnés à la peine de mort. DUALA MANGA a le privilège de dire au revoir à sa famille et à son peuple la veille de son exécution.
ENGINGILA YE !!! EWESE !!!
DUALA MANGA est un chef tellement religieux et pieux qu’il n’a pas peur de la justice des hommes. Il remet tout au Seigneur Dieu Tout-puissant car il est sûr d’être dans son droit.
DUALA MANGA n’a pas peur de mourir parce qu’il est croyant, c’est son secret.
TET’EKOMBO, DUALA MANGA illustre bien l’affirmation de Pierre Véron : « le courage : l’art d’avoir peur sans que cela ne paraisse ».
KOD’A MBOA’O E BO MO : l’amour pour son peuple (son pays) l’a tué.
ENGINGILA YE !!! EWESE !!!
Rudolf DUALA MANGA est surnommé TET’EKOMBO, NGUM’A JEMEA et NGUM’A MUSANGO. Car il était pacifique et patriote.
« NGUM » veut dire le champion ou le meilleur ou le plus fort.
« NGUM’A JEMEA » signifie le plus volontaire, le plus persévérant, la foi la plus inébranlable, le plus déterminé.
« NGUM’A MUSANGO » signifie le meilleur négociateur, le plus grand médiateur, l’homme de paix, le pacifique.
« TETE » veut dire le père, le chef de famille, le patriarche.
« EKOMBO » signifie la nation, le pays, le village, le territoire, le clan.
« TET’EKOMBO » signifie en langue duala : le père de la nation.
Dr C M E, Août 2012 à Paris
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