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Commerce illicite : encore le carburant frelaté dit « zoua-zoua »

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De Yaoundé à Douala, en passant par Maroua et Buea, la commercialisation du carburant importé ou de contrefaçon appelé communément « zoua-zoua » a pignon sur rue. Une pratique saisonnière qui ne date pas d’aujourd’hui et représente en même temps un véritable casse-tête pour les autorités locales.

En 2014, 2019, 2020 et 2021 par exemple, le carburant « zoua-zoua » faisait déjà les choux gras des sites d’information en ligne. Il a fait couler beaucoup d’encre et de salive tant son ampleur était inquiétante. Qu’est-ce qui motive certains à acheter ce carburant dont la chaine logistique n’obéit pas aux protocoles de sécurité de transport ?

Pratique saisonnière en pleine floraison

Bien que sa commercialisation soit illégale, le « zoua-zoua » fait le bonheur des vendeurs installés confortablement le long de nos routes. Ce liquide de coloration jaunâtre proviendrait du Nigéria voisin. Il est transporté par voiture, moto, tricycle, bicycle ou même par pirogue et achève sa course sur des étals installées le long des routes, ou alors dans un petit coin discret qui ne laisse voir que le vendeur prêt à servir.

Dans la ville de Maroua, malgré l’interdiction de la commercialisation de ce carburant, il a tout de même réussi à passer entre les mailles du filet. Le constat est clair dans cette localité. D’après nos sources, le prix du « zoua-zoua » serait beaucoup plus abordable que celui du carburant à la pompe. Il coutait environ 350 à 400 FCFA contre 650 FCFA pour celui de la pompe. C’est une activité qui recrute énormément et crée par la même occasion une demande plus importante par rapport à l’offre.

À Buea, le scénario semble le même. Le carburant frelaté est disponible pour qui en veut. Posté au bord de la route, avec un entonnoir improvisé pour la circonstance, les commerçants de « zoua-zoua » courtisent les véhicules au moindre arrêt pour leur proposer ce produit. « putam for one thousand » peut-on entendre de la bouche du chauffeur, et le vendeur de s’exécuter. Ce carburant convient à toutes les bourses et semble « créer des emplois » tant les étals et vendeurs ne cessent de se multiplier.

En novembre 2021 dans la ville de Douala, les statistiques publiées par la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP) révélaient déjà l’ampleur du phénomène, lit-on sur le site EcoMatin. Des opérations de saisie avaient permis de mettre la main sur 1000 litres de carburant frelaté entre autres. Les portes d’entrée de cette essence sur le marché camerounais est bien connu des autorités douanières. Mais l’effectivité de la répression est encore très loin de pouvoir y mettre un terme.

Cette pratique prospère également dans Yaoundé, la capitale politique du pays. Les vendeurs y font preuve de génie pour facilement contourner les opérations de contrôle.

Véritable problème de sécurité

Ce qui dérange avec le carburant « zoua-zoua », c’est sa chaîne logistique qui n’obéit pas à la réglementation en vigueur et ne respecte pas la mise en place d’un protocole de sécurité de transport pourtant obligatoire et dont l’observation avec chacun des transporteurs de carburant ne doit souffrir d’aucune négligence. En effet, ce protocole de sécurité est un document qui informe sur le lieu de vente, l’entrée et la sortie que doit emprunter le livreur, le sens de circulation, le lieu de dépotage et le positionnement des extincteurs et bacs à sable. A la vue de ces exigences, il est clairement évident que la vente de ce carburant représente un danger pour la sécurité du vendeur et de toutes les personnes impliquées à divers niveaux de sa chaîne logistique.

Effets néfastes sur la santé et l’environnement

Les vendeurs et consommateurs de cet essence s’exposent à de divers risques. Pour les vendeurs, la manipulation de ce carburant par des amateurs comme c’est le cas, met en danger les personnes autour des lieux de vente et de stockage de ce produit interdit. Sa composition chimique en fait un mélange très instable dont la concentration de vapeur dans les poumons lors de la respiration entraine des effets néfastes tels que les étourdissements, les maux de tête ; le coma, l’arrêt respiratoire et le développement du cancer chez les femmes enceintes dans le pire des cas, lit-on sur le site FN.

Pour les consommateurs, il est certain qu’ils endommagent leurs moteurs à force de consommer ce carburant qui n’est pas raffiné et de fait, impropre à la consommation automobile.

Du fait de la production abondante de la fumée, les automobilistes contribuent ainsi un peu plus au réchauffement climatique.

Provenance douteuse

Il n’y a pas que le non-respect du protocole de sécurité qui fait mouche dans la vente de ce carburant. Il n’est pas souvent évident de retracer sa provenance. En effet, s’il est officiel qu’il provient du Nigéria, des cas de vol de carburant dans les soutes et réservoirs de camions sont souvent déclarés. Et ces derniers trouvent également leur chemin sur les étals du fait d’une revente qui consolide la contrebande.

Lutte contre le commerce illicite

La commercialisation du carburant « zoua-zoua » constitue un manque à gagner pour les ressources fiscales et douanières de l’État. Le Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM) a créé une cellule de lutte contre le commerce illicite.

Cette unité remplis des objectifs bien précis, à savoir : la sensibilisation des opérateurs, de l’État et des consommateurs sur les effets du commerce illicite et les caractéristiques des produits contrefaits ; la sensibilisation sur le procédé de saisie régulière, avec la collaboration de la douane des marchandises contrefaites.

Cependant, l’efficacité de cette cellule dans l’accomplissement de sa mission reste discutable à bien des points. La vente illégale du « zoua-zoua » semble bien se moquer des règles et se faufile aisément entre les mailles.

Péguy NGUETCHO

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