Les surcharges dans les transports urbains, périurbains et interurbains ne seront plus tolérées, c’est ce qu’indique une récente note du ministre de transport.
Jean Ernest Massena Ngallè Bibehè est très sérieux. Il a précisé les mesures à prendre à l’encontre des contrevenants : suspension immédiate de permis du conduire, retrait de celui-ci en cas de récidive « conformément à la règlementation en vigueur sans préjudice du payement des sanctions pécuniaires ». Et ce n’est pas tout, l’affaire peut arriver au tribunal. Les sanctions n’épargnent pas le passager. Pris en situation de surcharge, il écope d’un débarquement immédiat.
Le Mintranport inscrit ces mesures dans le cadre de la lutte contre les accidents de circulation. Seulement, elles semblent totalement irréalistes au regard du contexte. Les métropoles comme Douala et Yaoundé sont confrontées à un déficit criard des moyens de transport. Le parc automobile de l’unique société de transport de masse, la Société camerounaise de transport urbain (Socatur), dans la capitale économique, est très peu équipée pour répondre aux besoins. La ligne 2 qui relie Ndokotti à Bonanjo a à peine 2 bus.
Moyen de transport : améliorer l’offre
C’est quasiment le même nombre que dispose Socatur pour desservir d’autres grands axes. En son temps, la Sotuc, lointain prédécesseur de la Socatur faisait bien mieux en termes de volume du parc automobile et de lignes desservis. Après des années de prospérité, elle connaitra, comme plusieurs entreprises publiques, des heures sombres avant d’être emportée définitivement par la faillite.
La Surcharge est une situation qui s’est imposée à l’usager au Cameroun. Il y a quelques années, il avait le choix. Ils ne l’a plus. Il disait avant, « non je ne veux pas être serré » et le chauffeur respectait… ». Aujourd’hui plus personne ou presque ne peut se permettre ce genre d’exigence. On lui dira simplement d’aller se faire voir ailleurs. Aujourd’hui, il n’y a pas la possibilité de préférer. Pour s’en assurer, monsieur le ministre peut se tenir à 7h du matin au carrefour Yassa, carrefour Elf ou au rond-point Déido, il verra la foule innombrable d’étudiants, d’élèves, de travailleurs, qui veulent tous partir urgemment. Il pourrait aussi entendre des élèves demander à s’assoir six derrière. C’est cela la réalité dans une capitale économique qui se veut moderne sans disposer de moyens conséquents pour la mobilité des personnes. Paradoxe !
Le Mintrans a fait savoir que les forces de l’ordre vont veiller à ce que la loi soit respectée. Une loi qu’on a laissé violer allègrement pendant des années à tel point que la surcharge est devenue la norme. Sauf à vouloir donner du « mille » aux « mange mille », point n’est besoin de recourir à la police ou au gendarme pour renverser la vapeur. Il suffit améliorer l’offre en moyen de transport urbain. Et c’est aussi de la responsabilité du ministre.
transporteurs-police, risque de tension
La situation de surcharge est encore plus compliquée dans les zones péri-urbaines où la dégradation des routes a poussé les taxis dans certains localité à déserter et à céder tout le trafic aux Motomen. L’offre étant inférieur à la demande, ils renchérissent le cout de transport chaque week-end malgré le dépassement du nombre de passagers prévu par la loi. Ils prétendent ne trouver de raison d’exercer le métier que dans la surcharge. A Obala, les mototaxis qui vont à Minkama, Yemsoa ou à Zoatoupsi encourent désormais les sanctions en cas de surcharge. Les conducteurs de moto qui opèrent entre Ebolowa et les villages avironnant (Bitili, Biyem, Bissok…) sont invités à changer méthodes. Evidemment, c’est valable pour tous les opérateurs de transport sur l’ensemble du territoire. Transporteurs-police, ça risque encore de barder !
Comments