Prix du carburant
Maigre hausse des salaires des agents de l’Etat pour faire digérer la hausse
Les camerounais qui souffrent déjà du faible pouvoir d’achat redoutaient la révision à la hausse du prix du carburant. Mais voilà ! C’est fait ! La nouvelle est tombée ce 31 janvier. La mesure a pris effet dès le lendemain 1er février 2023. Le communiqué du gouvernement signé du secrétaire général des services du Premier ministre, Magloire Séraphin Fouda n’annonce pas seulement l’info, il précise les nouveaux prix : ainsi le litre de super passe de 630 à 730 F, le gasoil de 575 à 720F, le prix du litre de pétrole vendu par le SCDP aux industries est fixé désormais à 560,19 F alors qu’il s’achetait jusque-là à 410,19F.
Dans son message à la nation le 31 décembre 2022, le président de la République, tel un préparateur psychologique, affirmait que le pays ne pouvait pas « y échapper » plus longtemps au regard du contexte international. Quelques mois auparavant, le Ministre Louis Paul Motaze indiquait que la politique de subvention n’était « pas tenable sur la durée ». Pas besoin d’avoir séjourné à l’université pour comprendre que ces formules visaient à préparer les esprits bien que leur efficacité ne soit pas garantie. Car la mesure est véritablement douloureuse. Elle est asphyxiante pour le petit peuple de consommateurs qui subit depuis plus d’un an déjà une inflation sans cesse croissante (qu’on dit venue de l’Ukraine) sans aucune mesure d’accompagnement. Il ne fait pas de doute, dans les jours à venir ça va encore flamber !
Relever le prix du carburant présenté comme inévitable dans un pays où le cout du train de vie de l’Etat frise la démesure est une pilule très amère. Le gouvernement en est d’autant plus conscient qu’il a fait recours à deux banales recettes pour la faire passer : le Smig pourrait passer de 36 270 à 41.875 FCFA soit une augmentation en perspective de 5605, à peine le prix d’un poulet sur le marché local.
Dire donc que cette hausse est ridicule n’a rien de subversif. Il suffit de voir les chiffres ailleurs. Au Maroc, le salaire minimum est de 209 euros, environ 137095 Fcfa., il est de 195 euros – 128 000Fcfa- en Guinée équatoriale voisine et de 171 euros -112 000 Fcfa- en Algérie. Dans l’ensemble des pays de l’Afrique francophone la moyenne du Smig est de 62 358Fcfa. Par ailleurs le niveau de paupérisation des populations est beaucoup plus faible dans ces pays qu’au Cameroun.
L’autre recette pour faciliter l’ingestion de la hausse du carburant et qui n’a aussi rien de spectaculaire est l’augmentation de 5,2% du salaire des agents de l’Etat. Ainsi ceux qui ont un salaire mensuel de 100 000F toucheront 105 200F ; 200 000F fait désormais 210 400etc. Les décideurs sont-ils vraiment convaincus d’avoir augmenté le pouvoir d’achat des fonctionnaires ? Pas si sûr.
Hier, les consommateurs, étaient anxieux à l’idée d’un carburant plus cher, aujourd’hui ils doivent redouter les grèves des transporteurs mais aussi la grande pauvreté. Février 2008 revient dans les esprits.
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