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Les dégâts collatéraux de l’arrestation de Maurice Kamto

 

L’arrestation médiatisée de Maurice Kamto, le 28 janvier 2019, point d’orgue d’une journée palpitante a été précédée, par la neutralisation discrète et passée sous silence de jeunes gens dont l’intervention aurait pu provoquer un affrontement potentiellement chaotique compliquant la capture du leader.

Suite aux marches pacifiques initiées par le MRC le 26 janvier 2019 dans plusieurs villes du pays, pour contester les résultats de l’élection présidentielle d’octobre 2018, à l’issue duquel Paul Biya a été proclamé réélu pour un septième mandat consécutif, des rumeurs d’une arrestation imminente de Maurice Kamto, principal opposant et instigateur desdites mobilisations, circulaient avec insistance. Ces manifestations, considérées comme illégales par les autorités, avaient déjà conduit à l’arrestation de 117 personnes, et des sources généralement bien informées laissaient alors entendre qu’il ne restait plus qu’à interpeller le principal commanditaire pour que la série d’arrestations soit complète.

Ainsi ce 28 janvier 2019 aux abords de la résidence d’Albert Dzongang, où le leader du MRC et plusieurs cadres du parti s’étaient retranchés, décidés à en découdre avec le pouvoir en place, une foule incessante de jeunes gens du MRC et autres curieux, s’est relayée tout au long de la journée. Animés par une détermination sans faille, s’interposer et empêcher l’arrestation de celui que les partisans de M. Kamto s’étaient déjà habitués à appeler le « président élu ».

Malheureusement, malgré leur détermination à défendre leur leader, les jeunes rassemblés au lieudit derrière Mobil Guinness, aux abords de la résidence de M. Dzongang, ont été contraints d’assister impuissants à son arrestation. Car soudain, les forces de l’ordre vont arriver, armées jusqu’aux dents, impressionnantes et déterminées. Mais ce n’est pas leur seule présence qui a suffi à faire reculer les jeunes rassemblés là pour tenter d’empêcher l’arrestation de leur leader.

Ce que l’on sait moins, et que de rares témoignages vont éclairer, c’est qu’avant de passer à l’arrestation des dirigeants du MRC, les forces de l’ordre avaient déjà agi dans l’ombre. Dans le semi-obscurité de la ruelle qui va de la station-service au domicile de M. Dzongang, une douzaine de jeunes, jugés potentiellement dangereux et susceptibles de perturber l’opération, avaient été capturés en douce. Entassés à l’arrière d’un pick-up de la gendarmerie, ils ont pris la route de Bonanjo, une destination qu’ils n’atteindront jamais, du moins pas tous.

La chasse aux fugitifs

En effet, au niveau du carrefour dit « entrée Bepanda », des sources proches des benskiners (mototaximen) qui ont vécu la scène et dont certains auraient donné un coup demain aux fuyards, une querelle va éclater, dégénérant en bagarre rangée entre gendarmes et jeunes militants présumés du MRC. Plus de la moitié d’entre eux vont trouver le moyen de s’évader, tandis que les autres vont chèrement payer dans de violentes représailles, l’audace de leurs compagnons.

Fort malheureusement pour les « évadés », leurs cartes d’identité, systématiquement requises lors des interpellations au Cameroun, sont devenues des traceurs pour les retrouver. Ainsi, des noms comme Fulbert Notué Kamga, Emile Jean Yémelé, Ntoto Moukodi Victor, Makanda Adalbert, Binam Tocko Ernest, etc. se sont retrouvés sur une liste noire en circulation, d’individus jugés « très dangereux » et à appréhender sans délai, par tous les moyens nécessaires.

En effet, l’enquête pour retrouver les fugitifs a rapidement pris une tournure implacable, révélant la détermination farouche des forces de l’ordre à ne laisser personne leur échapper. Une pression énorme s’est abattue sur les chefs de quartier, garants de l’ordre et fins connaisseurs de la population, ainsi que sur les responsables locaux du Conseil National de la Jeunesse du Cameroun (CNJC), censés connaître les jeunes de leurs zones, sont méthodiquement mis à contribution, et sommés de collaborer. Cette mobilisation intensive démontre l’ampleur de la traque et la volonté manifeste des autorités de passer le territoire au peigne fin. Chaque ruelle, chaque maison, chaque visage devenant suspect pour mettre la main, coûte que coûte, sur ceux qui ont osé défier le pouvoir.

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