Condamné par la cour d’arbitral, le pad peut-il échapper à une autre condamnation en appel ?
Commencée en janvier 2019, la suite de la saga judiciaire entre le Pad et Dit se joue à Paris où le tribunal arbitral a prononcé le 13 novembre dernier une condamnation contre le Port Autonome de Douala. Celui-ci va faire appel mais que peut-il espérer de cet ultime recours ?
« Douala International Terminal, filiale des groupes Apm et Bolloré se félicitent de la décision rendue en sa faveur par le Tribunal arbitral CCI. Décision conforme à l’Etat de droit…..la Sentence a été rendue en toute indépendance par un tribunal constitué par les deux parties…», cet extrait du communiqué publié par Dit sur les réseaux sociaux en dit long sur l’euphorie qui anime aujourd’hui le camp Bolloré. A la fin de l’année 2019, La séparation entre les deux anciens partenaires a été fracassante.
Les batailles judiciaires n’avaient pas laissé de place à la convivialité. Comme des époux qui ne supportaient plus de se voir, c’est à travers des communiqués qu’ils se quittent : « L’exploitation du terminal à conteneurs par la société Douala International Terminal (DIT), prend fin ce mardi 31 décembre. En conséquence, DIT informe les acteurs de la place portuaire du Port de Douala que le terminal à conteneurs fermera à 14h.» Le texte est publié le 30 décembre 2019. Dès le lendemain, le Pad réagit dans le même registre. Selon une note d’information, il déclare avoir repris possession « des clés de son terminal à conteneurs.» Aussitôt la Rtc (Régie du terminal à conteneurs de Douala-Bonaberi), crée le 6 décembre 2019, entre en service.
Comme on pouvait s’y attendre, l’affaire ne s’arrête pas là. Une fois parti du Terminal à conteneur du port de Douala, le Groupe Bolloré saisit le Tribunal arbitral à Paris au sujet de l’appel d’offre lancé par le Pad en janvier 2018. A l’issue de cet appel Public International à Manifestation d’intérêt, l’entreprise italo-suisse, Terminal Investment Limited (TIL) arrive en tête avec la note maximale de 100/100. N’ayant pas pu franchir le premier tour, Dit est Absent de la short liste des 5 sociétés présélectionnés. Au regard des « irrégularités » ayant émaillé le processus, le Groupe Bolloré accuse le Pad d’avoir exclut Dit de la suite des opérations.
A Paris, le groupe Bolloré expose « les manœuvres du Pad » qui ont conduit à « l’empêchement de Dit de participer à l’appel d’offre qu’il a initié et demande au Pad de relancer un avis d’appel d’offres ouvert et incluant la Douala International terminal. Jugeant sur ce point la plainte de Bolloré fondé, le Tribunal arbitral accèdera à sa demande.
Sur la question de la plainte relative au partage des frais de stationnement entre le Pad et Dit, Bolloré a eu encore gain de cause. A propos, le tribunal condamne le Pad à verser des dommages-intérêt à Dit. Le Port autonome de Douala a annoncé un recours en appel. A-t-il déjà introduit le dossier en appel ? « Pas encore, nous avons dix mois pour le faire, a répondu le responsable de la cellule de Communication du Pad, Raoul Minlo ». La partie s’annonce d’autant plus difficile que les juridictions camerounaises dans affaire ont déjà statué à plusieurs reprises en faveur de Bolloré.
La justice camerounaise se prononce en défaveur du PAD
Avant de saisir le tribunal arbitral conformément à la convention de concession de 2004 qui lie les parties, la justice camerounaise avait déjà rendu plusieurs décisions en faveur de Bolloré.
16 août 2019 : le Tribunal administratif du Littoral prend une ordonnance suspendant le processus de désignation d’un nouveau concessionnaire par le Port autonome de Douala.
5 décembre 2019 : La Chambre administrative de la Cour suprême casse le pourvoi introduit par le Port autonome de Douala (PAD). Débouté, celui-ci ne peut plus finaliser le processus d’attribution du Tac au nouveau concessionnaire avant épuisement du litige.
26 décembre 2019 : le Tribunal administratif du Littoral annule la procédure d’attribution du terminal à conteneur au nouveau concessionnaire.
31 décembre 2019 : le tribunal administratif du Littoral ordonne, « la suspension des effets de la résolution du 6 décembre 2019 du conseil d’administration du Port autonome de Douala (PAD) portant création et organisation de la régie déléguée de gestion, d’exploitation et de maintenance du terminal à conteneurs du port de Douala-Bonabéri et tout acte pris sur son fondement ou en son application, jusqu’à ce qu’il soit statué sur sa légalité ».
Cette ordonnance fait suite à la requête du consortium Bolloré-APMT à cette juridiction au sujet de l’illégalité de la Régie crée par le Pad.
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