Comme pour se débarrasser de la pression du haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, le président Camerounais a signé un décret à minima le 15 avril dernier portant commutations et remises de peines des détenus définitivement condamnés à la date de signature du dit décret. Une réponse jugée insuffisante par les organismes de doits de l’homme sur place.
« Les autorités devraient examiner les moyens de libérer les personnes particulièrement vulnérables au COVID-19, notamment les détenus âgés et les malades, ainsi que les délinquants à faible risque », interpellait Michelle BACHELET, haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, dans un communiqué le 25 avril 2020.
Seulement le décret du chef de l’Etat Camerounais signé le 15 avril 2020 précise clairement que « les commutations et remises de peines sont accordées aux personnes définitivement condamnées à la date de signature du présent décret ». Très loin des attentes de l’ONU.
Sur place au Cameroun, les organisations des droits de l’homme à l’instar de la commission nationale des droits de l’homme et des libertés (CNDHL) et la commission des droits de l’homme au barreau du Cameroun sont montées au créneau pour une « réelle décongestion des prisons ».
Un décret qui allume le feu des critiques
Selon la commission nationale des droits de l’homme et des libertés, par la voix de son président, CHEMUTA Divine Banda, cette décision écarte malheureusement les détenus en attente de jugement. Une tranche, qui représenterait 70% de la population carcérale. Dans un communiqué, la CNDHL a appelé les autorités camerounaises à « tout faire, pour sauvegarder la vie des populations carcérales », en relaxant par exemples, tous ces détenus en attente de jugement.
Une position que partage la commission des droits de l’homme du barreau du Cameroun. Son président, Christian Daniel BISSOU, juge le décret du chef de l’Etat de partiel. S’appuyant sur les chiffres, Me BISSOU précise que dans les 91 prisons que compte le Cameroun, « 18.435 personnes en détention préventive. 18.435 personnes qui représentent en réalité précise-t-il, « 57,9% de la population carcérale ». Selon lui le décret du chef de l’Etat ne touche pas 57, 9% de la population carcérale.
Pour mettre un terme à l’étouffement de l’univers pénitentiaire au Cameroun, la commission des droits de l’homme du barreau du Cameroun, préconise que les magistrats aient de moins en moins recours à la mise en détention préventive. Dans la foulée, la commission des droits de l’homme du barreau, demande que les personnes vulnérables, c’est-à-dire, les femmes, les personnes âgées, les enfants puissent être libérés afin d’éviter une explosion des cas de contamination au COVID-19.
Elthon Djeutcha
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