L’ancien député RDPC et SDF du Wouri est décédé le 27 juin dernier des suites de maladie.
Il sera conduit à sa dernière demeure le 18 juillet dans sa ville natale à Douala. Après une longue carrière politique, Charles Aristide Moukouri Dina Manga Bell, reposera pour l’éternité. Il a quitté la scène le 27 juin dernier des suites de maladie.
Âgé de 82 ans, il fut chef d’entreprise, mais surtout connu dans le milieu politique du Cameroun. Son parcours a été marqué par son appartenance d’abord au Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) puis au Social Democratic Front (SDF). C’est donc sous les couleurs de ces deux partis que Manga Bell a siégé à l’Assemblée nationale. Avec le RDPC, il a été un des élus du peuple au parlement camerounais lors de la quatrième législature en 1985 avant de devenir député pour le SDF lors de la sixième législature en 1997.
Il prend sa retraite politique en 2002. Dans un portrait qui lui est dressé par notre confrère Léger Ntiga dans le quotidien Mutations en 2006, le natif de Bali Bonanjo est décrit comme un dur politique qui avait fait paniquer le Premier ministre d’alors, Peter Mafany Musonge à l’Assemblée nationale. Au cours de son dernier mandat au parlement aux couleurs du SDF, relate notre confrère, le président de la Chambre, Cavaye Yéguié Djibril l’a baptisé « opposant ». Lors des différentes séances de la conférence des présidents (puisqu’il est vice-président de l’Assemblée nationale à l’époque), ses collègues étaient toujours marqués par ses prises de position. « A la fois contestataire, iconoclaste et impertinent, Moukouri Manga Bell trouvait toujours l’occasion d’attirer l’attention sur ce qui n’était pas perceptible de tous », se rappelle Pierre Kwemo, son camarade du Social Democratic Front (Sdf) d’antan, aujourd’hui président et député de l’Union des mouvements socialistes (UMS).
Les députés, toutes tendances confondues, poursuit Léger Ntiga, percevaient dans ses interventions, en commission comme en séance plénière, la force de ses convictions. Notamment depuis cette fameuse séance de questions au gouvernement, le 14 mars 2000. Ce jour-là en effet, Charles Aristide Moukouri Manga Bell a brisé les usages jusque-là en vigueur dans l’enceinte de la représentation nationale, où les questions adressées aux membres du gouvernement étaient préalablement sélectionnées et remises aux députés. Après avoir longuement demandé la parole au président de l’Assemblée nationale, lui-même modérateur des travaux à l’occasion, M. Moukouri Manga Bell interpelle le Premier ministre de l’époque, Peter Mafany Musongè, sur cette enveloppe de sept milliards FCFA que le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, aurait alors offert à une secte française.
Si le chef du gouvernement d’alors s’en est tiré par une pirouette, arguant qu’il n’était pas au courant d’un tel don par le président de la République, Mafany Musonge eut néanmoins du mal à dissimuler son embarras, tant il dû soupirer pendant de longues minutes et sortir de sa poche son mouchoir pour éponger son visage avant de prendre la parole. Par ailleurs, au sortir de la dite plénière, le président de l’Assemblée nationale se fit tirer les oreilles. Cavaye Yeguié fut en effet appelé, à « plus de vigilance » par l’exécutif. Mais Moukouri Dina Manga Bell était aussi un grand sportif. Champion du Cameroun en judo en 1957, le petit fils du roi Auguste Manga Ndumbè de la dynastie des Bell, était aussi un révolutionnaire qui admirait à la fois Ernesto Che Guevara et de Fidel Castro pour leur pensée, ainsi que le combat pour l’indépendance réelle mené par l’Union des populations du Cameroun (UPC).
En réserve de la République depuis 2002, il s’est reconverti à la recherche sur ses origines avec le concept du dialogue des cultures. Il menait une réflexion sur une communauté vitale regroupant tous les mouvements migratoires bantous et semi bantous. Mais également, tous les négroïdes berbères ayant quitté la « Vallée des rois » de la Haute Egypte nubienne pour occuper définitivement le Cameroun, l’Est de l’Afrique, l’espace lacustre des pays de la vallée du Nil et l’Afrique du Sud. Adieu patriote !!!
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